Après avoir excellé dans le thriller psychologique, policier ou un peu des deux (le triptyque Incendies / Prisoners / Sicario), Denis Villeneuve s’est brillamment tourné vers la science-fiction avec deux œuvres majeures et sublimes, le terrassant Premier Contact (pour moi l’un des meilleurs films SF de ces 20 dernières années) et le sequel très réussi de Blade Runner.
S’il y avait bien un réalisateur armé pour s’attaquer à une œuvre fantastique réputée inadaptable (Dune en l’occurrence), c’était bien lui. Et Villeneuve ne déçoit pas.
Il pose les bases d’une fresque monumentale et contemplative, que la musique solennelle de Hans Zimmer et une photographie à tomber finissent d’imposer d’emblée comme un film qui comptera.
Le réalisateur canadien extirpe la sève opératique de la mythologie rêche et complexe du roman de Franck Herbert pour en livrer une vision cohérente et lisible. Le récit prend son temps mais n’ennuie jamais, construisant méthodiquement un univers d’une richesse visuel et narrative folle.
Déjà au cœur de Premier Contact, les thématiques du langage et de la filiation structurent un scénario qui devra écrire le destin messianique de son jeune héros, une trajectoire qu’il devine plus qu’il ne comprend pour l’instant.
Villeneuve trouve ainsi un matériau idéal à modeler, qu’il peut élever grâce à la précision et l’ampleur d’une mise en scène jamais mise en défaut. Elle déploie une puissance visuelle hors norme à la beauté hypnotique.
Aussi à l’aise pour chorégraphier d’imposantes scènes d’actions aux effets spéciaux colossaux que pour filmer la magnificence d’un coucher de soleil dans le désert ou pour saisir les drames et manigances qui se trament dans les palais, Villeneuve parvient à mêler le spectaculaire et l’intime, confirmant qu’il est, peut-être encore plus que Nolan, la figure de proue du blockbuster d’auteur. A ce titre il peut s’entourer des acteurs les plus talentueux du moment et son Dune scintille d’un casting étincelant au sein duquel Timothé Chalamet prouve qu’il peut porter un tel projet sur ses frêles épaules. Rebecca Ferguson et Charlotte Rampling livrent les prestations les plus marquantes, mais on ne relève aucune fausse note chez Jason Momoa, Zendaya (qu’on voit trop peu), Oscar Isaac, Stellan Skarsgard (méconnaissable) ou Josh Brolin.
Amorce impressionnante d’une épopée dont on sait n’avoir vu que la surface, le Dune de Villeneuve est aussi satisfaisant que frustrant. Espérons vraiment que Warner Bros lui permettra d’achever son adaptation et qu’il puisse nous offrir (sur grand écran) son épique conclusion. Et le plus tôt sera le mieux !

Thibault_du_Verne
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le 23 sept. 2021

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