J'ai beaucoup aimé Dunkirk, qui m'a très agréablement surpris.
Je m'attendais à une belle prestation technique certes, un joli spectacle, et un peu beaucoup de grandiloquence et de patriotisme à l'américaine. J'en ai été pour mes frais.
C'est effectivement une plongée saisissante dans l'action de la guerre, du moins ai-je trouvé, tout en explorant des côtés plus sombres de l'âme humaine, et les choix effectués quand on parle purement et simplement de survie.
Les combats aériens sont sublimes, les bruitages excellents, les effets spéciaux immersifs au possible.
J'ai en revanche été très gêné par la musique, un aspect toujours crucial en ce qui me concerne. Les infrabasses et basses prennent aux tripes (physiquement) et c'est parfois bienvenu comme support à la scène. Mais à d'autres moments clairement Zimmer se laisse emporter, peut-être par l'envie de bien faire, et cette surenchère devient trop souvent envahissante, au point que le son cesse d'être au service de l'image et renverse tout sur son passage, sortant le spectateur du film. En tout cas pour moi ce fut très perturbant.
Je reconnais également volontiers une excellente maîtrise de Nolan sur sa narration. On sent qu'il a mené le spectateur exactement là où il le souhait et, d'une main sûre dans l'écriture comme dans le montage, il insuffle une tension quasi ininterrompue, sans pourtant perdre de sa force par sa constance ainsi que certains ont pu le lui reprocher.
Ses parti-pris,
par exemple de ne jamais montrer un seul soldat allemand, de restreindre au minimum les dialogues, d'éclater l'action en arcs narratifs distincts mais simultanés ou de nous déstabiliser encore davantage par des faux-semblants comme les signes de l'aviateur échoué avec son appareil et essayant désespérément d'ouvrir la verrière, perçus comme un "tout va bien" par son camarade (Tom Hardy) avant qu'un changement de point de vue ne nous confronte à la réalité
m'ont parfaitement convenu et j'ai moi aussi trouvé un peu d'audace dans son schéma, par ce qu'il montre mais aussi voire surtout par ce qu'il ne montre pas.
Je comprends que les férus d'Histoire s'arrachent les cheveux. En tant qu'ignorant assumé, j'ai découvert un nouvel épisode de cette guerre dont j'ignorais l'existence, et c'est très bien ainsi. Les vainqueurs écrivent l'Histoire, les manuels scolaires préfèrent raconter la libération et la résistance que la débâcle de l'opération Dynamo.
Les incohérences (même les anachronismes architecturaux) me sont totalement passées au-dessus de la tête, donc j'ai pu profiter avidement et avec délectation du spectacle visuel et des émotions qui m'étaient offerts.
C'est, de mon point de vue, une réussite artistique sur le fond comme sur la forme, qui mérite d'être vue au cinéma bien entendu.
J'étais d'ailleurs prêt à payer 12-13 euros à mon Pathé local (alors que j'ai une carte UGC illimité) pour voir le "premier vrai film tourné pour l'IMAX"... Sauf qu'ils ne le projetaient qu'en VF. Donc hors de question. Tant pis.