Christopher Nolan est l'un des réalisateurs les plus importants dans le cinéma d'aujourd'hui, et l'événement qui a pu entourer la sortie de « Dunkerque » le confirme aisément. D'ailleurs, il faudrait être aveugle (et sourd) pour ne pas voir à quel point le mec maîtrise son sujet d'emblée, du moins techniquement. Là-dessus, c'est juste un as, sans doute l'un des plus grands. Cadrages, sons, photographie... L'immersion est magistrale au point de presque nous trouver à côté de ces soldats vivant un véritable calvaire.
C'est juste incroyablement beau, brillant, à l'image d'une scène d'introduction restant sans doute la plus réussie, remarquable d'intensité, exprimant parfaitement le climat d'angoisse que pouvait ressentir chacun face à un ennemi invisible... Et pourtant, je ne mets que « sept » étoiles. Si toutes ces qualités sont primordiales, j'attends aussi d'un film qu'il dégage de l'émotion, m'embarque grâce à des personnages forts, me bouscule dans ce que je vois... Or, si l' œuvre m'a bougé formellement, c'est beaucoup plus calme niveau fond. Que Nolan privilégie les soldats anglais aux français, on peut le comprendre. Mais les ignorer à ce point, voire légèrement les mépriser les rarissimes fois où il les montre, je trouve ça quand même un peu limite.
Trop de personnages d'ailleurs, donc pas vraiment le temps non plus de les développer suffisamment ni de les rendre vraiment attachants (à l'exception peut-être de celui de Kenneth Branagh), la présence de plusieurs têtes d'affiche apparaissant plus anecdotique qu'autre chose. Certains passages ont beau être bluffants, s'intéresser à cet événement trop peu connu de la Seconde Guerre mondiale méritait certainement une vision plus large du conflit, le film virant presque au patriotisme dans les dernières minutes à force de solennité.
« Dunkerque » est manifestement l'un des titres qu'il faut avoir vu au cinéma cette année, et j'insiste vraiment sur l'incroyable claque visuelle qu'est l'œuvre, peut-être la plus grande de la carrière du réalisateur, sachant par ailleurs filmer l'attente, le désespoir avec une certaine habileté. J'aurais simplement aimé me sentir plus concerné par les événements, car au vu du sujet et des enjeux, il y avait vraiment de quoi offrir quelque chose de très grand. Impressionnant et trop froid.