Assez surpris par cette proposition finalement avec ce film presque nihiliste où on a cette peinture d'un monde réel gris et sans espoir, et d'un monde vidéoludique qui n'est pas dépeint comme un paradis où tout a l'air joyeux, où la solidarité, l'amour et l'espérance seraient des valeurs universellement partagées à la Ready Player One, mais comme un lieu ambivalent, où la violence et la tromperie là aussi règnent en maître, où les joueurs se butent gratuitement, mais où finalement on se sent bien, sans que l'on sache bien pourquoi, peut-être le sentiment de contrôle, de faire ce qu'on ne peut pas faire en vrai. Les impairs du films, c'est ce parallélisme d'intrigues, avec d'un côté l'intrigue stupéfiant/escalade violence, longuette, prévisible et qui tourne un peu en rond, et de l'autre l'intrigue dépression de la fille dont le jeu va fermer, qui ne fait que jouer et qui n'a aucune influence sur l'autre intrigue, si bien qu'on se demande même à quoi elle sert. Et c'est peut-être là en réalité la force de la proposition. Une proposition presque nihiliste qui ne cherche pas à tout relier, à avoir un sens logique et des trajectoires où tout se rejoint à la fin. Les personnages n'évoluent pas ou presque pas. Le film ne raconte rien de particulier. Il en nait une certaine poésie, une certaine ambiance, qui fait prendre de la hauteur comme si on regardait un conte tragique, où tout parait sans espoir, personne ne se parle, tout est violent, tout est gris et déprimant, et où il n'y a que dans un jeu où finalement on arrive à se contrôler un peu, à avancer, à se parler (avec notamment cette très belle scène où elle se laisse égorger pour exprimer quelque chose), alors même que le jeu est aussi violent que le réel. Et malheureusement, le serveur ferme. En reste les questions pour le spectateur : faut-il aller chercher ce petit espace virtuel où tout est mieux (alors même qu'il est aussi violent que le réel) ? Est-ce une bonne chose ? Faut-il avancer ?