Une comédie américaine tellement archétypale qu'elle en serait presque attendrissante, tant on imagine aisément le bon peuple américain se bidonner devant ce type de gags et se retrouver dans les valeurs immuables mise en avant dans "The change-up".
Seulement, vu de France, on finit par avoir la nausée face à cette célébration de la famille, du mariage, de la fidélité, du travail, il ne manque que la patrie, parce que le sujet ne s'y prêtait vraiment pas.
Le plus agaçant est de constater l'hypocrisie de la première heure de film, qui glorifie au contraire un mélange de coolitude et de beauferie, incarnées par le personnage de Ryan Reynolds, acteur raté à l'aube de la trentaine, éternel adulescent qui fuit tout engagement et toute responsabilité, préférant fumer la ganja et draguer tout ce qui bouge.
Tout le contraire de son meilleur copain, incarné par Jason Bateman, un avocat coincé qui travaille trop, histoire de fuir bobonne et les gamins, qui ont sévèrement tendance à l'épuiser.
Sur un schéma comique éculé mais toujours efficace, le changement d'identité (ici très lourdement amené par une sombre histoire de fontaine), on imagine bien que ces deux stéréotypes ambulants vont finir par retrouver la voie de la raison et du bonheur à l'américaine, à l'issue d'une prise de conscience (simultanée de préférence) de leurs erreurs respectives.
Une avalanche de mièvrerie d'autant plus regrettable que malgré un humour forcément très gras, cette comédie sans prétention m'avait plutôt fait passer un bon moment, grâce notamment à la présence d'Olivia Wilde dans le rôle de la bimbo, et à un degré moindre à celle de Leslie Mann en desperate housewive (comme d'habitude, mais c'est vrai qu'elle a la gueule de l'emploi).
Mais David Dobkin ("Wedding crashers", "The judge") se sent obligé de faire durer inutilement son cinquième long-métrage, dans un dernier acte où il n'est pratiquement plus question de comédie, et ruine ainsi l'impression assez plaisante qu'il avait suscité, avec l'aide du tandem Jon Lucas et Scott Moore à l'écriture. Un constat certes prévisible mais toujours malencontreux.