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Eileen
5.8
Eileen

Film de William Oldroyd (2023)

Portrait de la jeune fille frustrée !

Deuxième long-métrage de William Oldroyd, après l'excellent Lady Macbeth, qui montre, une nouvelle fois, une tendance à mettre en scène, comme protagoniste, une figure féminine trouble (ah oui, je n'ai pas lu le roman, donc je n'en parlerai pas dans cette critique !). Ici, on suit une jeune femme, Eileen, élevée dans un environnement familial sordide, dans un coin sordide du Massachusetts, qui travaille dans un lieu sordide et qui, en conséquence, vit un quotidien sordide. Autant dire qu'il n'est pas étonnant d'avoir affaire à quelqu'un ayant un esprit phagocyté par la frustration et des pensées qui peuvent être souvent malsaines.


Bon, l'esthétique, visuelle et sonore (pour ce qui est de la BO !), rappelle celle du cinéma américain de la toute fin des années 1960 et du tout début de la décennie suivante (jusqu'à la police de caractère et la manière d'agencer la liste affichant l'équipe du film !), quand il adoptait une teinte chromatique sombre et hivernale (j'ai pensé à des œuvres comme That Cold Day in the Park de Robert Altman - et, lié au film que je viens de citer, Sandy Dennis, jouant dans celui-ci une jeune femme d'un extérieur sage, mais d'un intérieur détraqué, aurait pu incarner le rôle principal d'Eileen s'il avait été tourné à la même époque - ainsi qu'à Portrait d'une enfant déchue de Jerry Schatzberg, renforcé thématiquement par le côté femme isolée au milieu de nulle part, portant le poids de lourdes séquelles psychologiques !). Il y a juste un grain d'image qui est un peu plus lisse que celui du septième art des sixties-seventies, numérique oblige (j'ai lu sur IMDb qu'à l'origine, le réalisateur voulait utiliser de la pellicule, mais avait dû y renoncer, faute d'un budget suffisant... dommage !). Tout ceci colle bien avec l'intrigue puisqu'elle se déroule... à la fin des années 1960.


Maintenant, pour ce qui est de la raison d'être de faire du cinéma en 2023 comme on en faisait lors de la période citée précédemment, je n'en sais rien. Le plus important, c'est si on a apprécié ou non cette plongée dans ce type de longs-métrages d'antan.


Concernant l'histoire, durant la majeure partie du déroulé de cette dernière, on semble suivre une romance à la Carol, de Todd Haynes, en train de se construire, avec notre personnage principal en train de tomber sous le charme d'une mystérieuse nouvelle collègue, une élégante blonde hitchcockienne (le fait que celle-ci se nomme Rebecca n'est certainement pas un hasard !). Et sur cette base, le film joue bien du physique de belle-fille idéale de Thomasin McKenzie (donc si la comédienne était née cinquante ou soixante ans plus tôt, elle aurait été un autre choix de casting idéal pour That Cold Day in the Park !) et de celui de femme fatale d'Anne Hathaway pour appuyer sur les contrastes et perturber nos horizons d'attente à ce niveau-là. Tout est totalement chamboulé en une seule réplique... pas une seule scène ou un seul échange... non, une seule réplique... qui se ressent comme un véritable choc électrique.


Et à propos de tout ce que j'ai formulé dans le paragraphe précédent et suite à la réplique susmentionnée, on découvre que si le personnage principal se complaît à se laisser guider par ses plus bas instincts, c'est uniquement pour des motifs égoïstes, pour assouvir des besoins primaires, alors que s'il est indéniable que Rebecca emploie des méthodes immorales pour parvenir à ses fins, c'est, néanmoins, pour des raisons désintéressées, par pur esprit de justice.


Le problème que j'ai avec le résultat global, c'est qu'une fois la réplique débitée, l'ensemble qui savait prendre son temps jusque-là, est trop précipité pour ne pas donner une sensation de trop grand déséquilibre et de bâclé. Quinze ou vingt minutes supplémentaires, pour développer ce qu'il y avait encore à raconter, n'auraient pas été de trop.

Plume231
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le 16 août 2024

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