Film qu’on pourrait croire fantastique et qui est pourtant tiré d’une histoire vraie, celle de Joseph Merrick, mort par accident de sa tête trop lourde renversée à l’arrière : « ne pouvant dormir étendu, il devait d’ordinaire dormir la tête penchée vers l’avant. » Il aurait souffert du syndrome de Protée, divinité grecque douée de la faculté de se métamorphoser et prendre n’importe quelle apparence. C’est une autre métamorphose dont traite le film, celle de la bête qui devient homme, entre reconnaissance et don de la parole. Mais au sein des humains, la bête de foire le reste, et si elle l’était au sein du cirque, elle le reste devant la société savante ou au sein de l’hôpital.
Tragédie plus que drame (on ne peut quitter son corps), le noir et blanc adoucit les difformités, les rendant plus abstraites et moins naturalistes, et renvoie aux débuts du cinéma, inventé à la même époque.