Le démon de midi (et quart).
Le film raconte la crise de la quarantaine d'un homme (Dudley Moore), que sa compagne (Julie Andrews) ne peut enrayer. On le voit passer par différents états, plus ou moins dépressifs, jusqu'à ce que sa rencontre avec une jeune femme va raviver la flamme en lui.
Blake Edwards oblige, si le film se révèle assez désenchanté, il y a des moments très drôles, comme ce running gag téléphonique entre Andrews et Moore, alors que ce dernier a la bouche endolorie à la suite d'une visite chez le dentiste, ou la servante d'une prêtre, tellement âgée qu'elle ne peut pas faire deux pas sans tout faire tomber.
Mais il y a une réflexion très intelligente sur cette crise de la quarantaine, où le personnage incarné par Dudley Moore apparait comme perdu. En parlant de ce dernier, outre qu'il ressemble à Michel Sardou, il est lui aussi assez drôle, avec son jogging sur la plage et également touchant quand il se met à composer au piano.
Mais il ne faut pas oublier la révélation majeure que fut Bo Derek, qui, filmée par Blake Edwards, représente à ce moment-là la chose la plus sacrée au monde ; moulée dans un monokini parfait qui laisse paraitre de ses charmes, elle représente la femme libérée et émancipée de cette époque.
C'est marrant que cette actrice, au demeurant très juste, a totalement disparu du paysage cinématographique depuis lors (j'ai quelques souvenirs d'elle nue et chevauchant un cheval peinturé en zèbre, seigneur !).
Peut-être pas aussi formidable que la critique ne l'envisageait, 10 (le titre original vient du système de notation de l'homme envers les femmes qu'il croise, Bo Derek atteignant le 11/10) est quand même un joli, qui met beaucoup trop de temps à démarrer.
Entre les lignes, on peut aussi voir dans ce film un début d'une critique de Blake Edwards envers Hollywood et la superficialité des gens que Dudley Moore croise. Ce point sera culminant avec S.O.B., tourné plus tard, mais la preuve est là qu'on peut s'attaquer à un sujet personnel tout en taclant Hollywood.