Une première critique écrite lors de sa sortie en 2014, une seconde lors de son revisionnage à la tél quatre ans après :
Critique de 2014 :
Si l'on critique souvent la banalité des films français actuels, il faut reconnaître que ce « Elle l'adore » s'appuie sur un point de départ plutôt original et intrigant, lui permettant d'ouvrir pas mal de pistes durant minutes. Si la réalisation de Jeanne Herry n'est peut-être pas tout à fait à la hauteur, elle a toutefois le mérite d'intégrer assez habilement des flashbacks à la tournure parfois inattendue, apportant une réelle richesse à un scénario s'avérant clairement le point fort de l'œuvre. De plus, si Laurent Lafitte s'en sort plutôt bien, c'est Sandrine Kiberlain qui retient une fois encore l'attention dans ce qui est certainement l'un de ses personnages les plus étonnants : une nouvelle belle prestation à mettre au crédit de l'actrice.
Dommage que le film ne laisse finalement pas un souvenir plus marquant : on apprécie la démarche, les enjeux sont assez intéressants et on ne passe un mauvais moment, mais je n'ai jamais réellement senti le frisson, le vertige qu'un tel sujet aurait pu provoquer chez le spectateur avec un peu plus d'audace, peut-être de finesse, ou tout simplement de talent... Après, même si, sur un sujet relativement identique, je lui préfère assez largement l'excellent « Backstage » d'Emmanuelle Bercot, il y a quand même du suspense, des rebondissements et des idées pour ce qui reste une comédie dramatique plutôt bien menée : après tout, c'est déjà pas mal.
Critique de 2018 :
S'il y a bien un point où « Elle l'adore » a des arguments, c'est son scénario. Que ce soit au niveau de l'intrigue, des personnages voire des dialogues, celui-ci est vraiment bien pensé, ayant le sens du détail quant à certains éléments a priori sans importance mais qui en auront finalement beaucoup. La première partie est dans l'ensemble vraiment réussie, montrant avec habileté une relation « fan-idole » assez complexe, que l'on devine beaucoup plus à travers les non-dits qu'autre chose, avec un aspect presque irrationnel dans tout ce que peut accepter la « groupie », excellemment interprétée par Sandrine Kiberlain. Cet étrange lien les unissant n'éclipse toutefois pas le reste, à commencer par une enquête solide qu'incarne bien les deux policiers joués par Pascal Demolon et Olivia Côte.
Cela reste assez crédible de bout en bout, avec un regard plutôt critique sur les uns et les autres sans tomber dans le manichéisme, l'attitude de chacun pouvant presque se « comprendre », du moins s'expliquer. L'intérêt faiblit toutefois assez nettement dans la deuxième partie, plus répétitive et moins originale, le plus gros et le plus intéressant ayant déjà été raconté durant la première heure, malgré quelques scènes et « surprises » plutôt bien vues, à l'image d'un dénouement logique mais pertinent. Sans doute manque t-il un peu de personnalité derrière la caméra, qu'un peu plus de méchanceté, de mordant, d'humour noir n'aurait pas été de trop, mais on reste à un niveau tout à fait acceptable, preuve que le cinéma français peut, lui aussi, faire preuve d'un minimum d'ambition.