Je ne comprends pas trop l'engouement critique et public autour de ce premier long-métrage de Jeanne Herry. Sans doute est-ce en lien avec ses deux têtes d'affiche, qui figurent actuellement parmi les acteurs français les plus bankables.
Pour ma part, je ne souscris pas à la Sandrine Kiberlain-mania qui déferle sur le cinéma français depuis quelques mois, à l'image du César généreux obtenu pour son rôle dans "9 mois ferme".
Cela dit, je ne remets pas en cause ses qualités de comédienne, qui lui permettent de faire bonne figure dans "Elle l'adore".
Kiberlain y incarne la fervente admiratrice d'un chanteur populaire, une paumée qui s'efforce de pimenter sa vie tristounette par une forte tendance à la mythomanie.
C'est Laurent Lafitte qui interprète cette idole au comportement ambigu, avec un certain talent lui aussi.
Prometteur sur le papier, leur face à face ne laissera pourtant pas une trace indélébile.
Jeanne Herry choisit de mélanger les genres, non sans audace ni habileté, mais le résultat final n'apparaît guère convaincant : en effet, "Elle l'adore" s'avère trop peu enlevé pour une comédie, trop linéaire pour un thriller, et trop plat pour une étude psychologique.
La fille de Miou-Miou et de Julien Clerc signe une mise en scène plutôt élégante, avec ses cadrages réfléchis et sa photo aux tons bleutés, mais à mon avis "Elle l'adore" se révèle un film bien trop moyen et anecdotique pour justifier son succès critique quasi-unanime.
Du coup, on est en droit de se demander quel rôle a pu jouer la filiation prestigieuse de la jeune réalisatrice dans l'obtention d'un tel buzz médiatique...