Je voulais revoir « Embrassez qui vous voudrez » afin d'avoir un regard plus pertinent sur sa suite dix-huit ans après : je l'aurais finalement revu... après. Toujours est-il qu'en définitive, la qualité des deux films est sensiblement la même. S'il ne se démarque pas spécialement formellement (cinéma français, quoi), il faut reconnaître à Michel Blanc un vrai mauvais esprit, un regard assez pessimiste, grinçant sur les relations humaines. Finalement, la dimension comique est presque un prétexte pour montrer toutes nos névroses, nos mensonges, notre incapacité à communiquer parfois...
Il le fait avec une certaine verve, un plaisir du mot (notamment à travers le personnage qu'il interprète, sans doute le plus médiocre de tous) rendant l'entreprise, non pas légère, mais avec suffisamment de distance et de moments plus « faciles » pour que l'on ait à plusieurs reprises le sourire aux lèvres. Vous allez alors me dire : cette critique mériterait peut-être une meilleure note, non ? Possible...
C'est que même si tous ces éléments rendent l'entreprise plus qu'honorable et même assez politiquement incorrect, chose suffisamment rare chez nous pour être signalé, je n'ai jamais ressenti de jubilation non plus. Presque un peu mécanique, bien huilé, certes, mais sans moments réellement marquants, la faute, peut-être, également à des protagonistes forts peu conventionnels, mais pas assez attachants, auxquels on ne s'intéresse qu'à moitié (la belle Carole Bouquet exceptée).
Maintenant, cela ne doit pas revenir mettre en cause la pertinence du propos de l'acteur-réalisateur, entouré ici d'un casting de premier ordre, la triplette Bouquet - Karin Viard - Charlotte Rampling faisant notamment forte impression. Un film acerbe, adapté d'un roman anglais qui l'était visiblement tout autant, manquant un peu trop de consistance et de rigueur dans sa narration (on frôle le film à sketchs, parfois), mais percutant.