Une succession de fulgurances qui vous clouent sur votre fauteuil.

Elles sont dramatiques, musicales, chorégraphiques, émotionnelles, interactives... Entre ces moments, heureusement que les séquences calmes sont très courtes, presqu'interstitielles, car très vite alors on ressent l'invraisemblance voire un début d'ennui.

Mais chaque fois arrive très vite une nouvelle fulgurance de cinema, toujours surprenante, toujours belle, toujours stimulante pour les yeux et pour l'esprit.

Après coup, on se rend compte que le vecteur mafieux de l'histoire n'est pas là pour seulement corser le changement de sexe, mais aussi pour souligner à quel point le besoin ressenti par la personne qui veut ce changement est irrépressible quelle que soit sa situation sociale ou familiale, même la plus surdéterminée et coincée, même la plus contradictoire avec l'éthique de la recherche d'une nouvelle vie...

Audiard nous raconte aussi bien subtilement, par petites touches, que le changement de sexe ne pourra annuler malgré tout ni la vie d'avant ni les amours d'avant, et pas seulement à cause des souvenirs : les affects du passé sont bien actifs dans le présent...

Du très bon cinoche, avec un réalisateur qui innove dans l'écriture et vous emporte avec enthousiasme même si vous êtes plutôt féru de narrations classiques, y compris sur un sujet voisin (par exemple le magnifique Transamerica, de 2006, de Duncan Tucker).