« En chair et en os » est un film à tiroirs typique du célèbre réalisateur espagnol: ici on assiste à un triple triangle amoureux efficace et divertissant mais sonnant un peu creux et vain par rapport à ses meilleurs œuvres. On peut éventuellement y trouver (comme « Madres Paralelas ») une évocation maladroite et pas très bien intégrée à l’intrigue du régime de Franco : cela se traduit par une introduction dispensable (à part pour la 1ère apparition de Penolope Cruz chez Almodovar) et une réplique finale appuyée.
(« En Espagne, on n'a plus peur depuis longtemps »).
Il manque également l’émotion typique du cinéaste (à noter toutefois une belle scène d'amour ayant inspirée la jolie affiche du film); la faute à des situations un peu téléphonées (on n’est jamais très loin du soap opera que le cinéaste sait parfois transcender) et des personnages peu attachants. Seul David joué par un tout jeune Javier Bardem suscite l’intérêt de par son handicap et la qualité de son interprète; les autres comédiens étant plus ou moins convaincants, notamment celui jouant Victor qui manque clairement de prestance.
Cet opus est au final plus classique (moins de transgressions et de personnages excentriques) et sage visuellement que d’autres Almodovar ; sur ce dernier point, on peut quand même être surpris de le voir quitter, le temps de quelques séquence, son univers habituellement plutôt bourgeois et coloré pour les taudis de Madrid.
Petit essai donc, avant son œuvre maitresse qui suivra 2 ans plus tard : le superbe « Tout sur ma mère ».