Yann Kermadec,skipper breton,se voit offrir la chance de sa vie lorsque son ami le grand champion Frank Drevil,dont il est le second,se blesse juste avant le départ du Vendée Globe et qu'il doit le remplacer au pied levé.Et il sait la saisir car,contre toute attente,il figure parmi les premiers de la course.Mais tout va dérailler à la suite de la réparation d'une avarie aux Canaries quand un jeune mauritanien qui croit que le bateau va en France s'y introduit et s'y planque.S'apercevant en pleine mer de l'intrusion,Kermadec va devoir gérer sa course et son passager,dont il doit dissimuler la présence à tout le monde car le Vendée Globe est un tour du Monde en solitaire et la découverte du clandestin le ferait disqualifier.Il s'agit du premier long-métrage de Christophe Offenstein,après une longue carrière de chef opérateur.Il est notamment le directeur photo attitré de Guillaume Canet,pas étonnant donc que celui-ci joue dans le film.Au premier abord on aurait tendance à appréhender l'ennui face à cette histoire montrant deux personnages dans un bateau au milieu de l'océan pendant plus d'une heure et demie mais le scénario,dont le réalisateur est l'un des signataires,est assez habile pour contourner l'obstacle en introduisant des éléments très divers dans la narration.La force principale du film réside évidemment dans son aspect documentaire avec la description très fouillée de la vie d'un marin sur un navire de compétition.Offenstein décrit de manière hyper réaliste les manoeuvres énergiques nécessaires à la maîtrise et à l'optimisation de ces monstres des mers qui filent sur l'eau à des allures démentes,et François Cluzet est une de fois de plus gigantesque en skipper aguerri,on dirait qu'il a fait ça toute sa vie.Mais il n'y a pas que ça,et on assiste au quotidien du navigant solitaire,entre repas pris sur le pouce,heures de sommeil rationnées et délire technologique.Parce que le sport nautique a évolué de manière hallucinante,et les temps héroïques de Tabarly ou Alain Colas sont bien loin.Le Manureva ne pourrait plus disparaître aujourd'hui tant la cabine du bateau ressemble à la salle de commandement de la NASA.Kermadec est bardé de matos,d'écrans,d'ordinateurs,de radars,de téléphones,il est suivi H24,relié en permanence à son staff,au PC course,aux centres de sauvetage,aux équipes médicales,à sa famille,à ses concurrents et même aux médias à qui il poste des pastilles d'infos pour raconter ses impressions.Il a aussi plein de matériel de secours qui permet par exemple à un médecin de diagnostiquer une drépanocytose à des milliers de kilomètres de distance.Malgré tout l'aventure reste dangereuse et on ne nous épargne pas les tempêtes,les coups de tabac,les vagues effarantes et la solidarité sans faille des gens de mer.A un moment le PC demande à Yann de se dérouter pour porter secours à une navigatrice qui a chaviré car sa position est la plus proche du naufrage,et le gars y va direct,il ne se pose pas la question une seconde malgré le retard que ça lui fait prendre,et la scène du sauvetage est joliment émouvante.Et puis il y a les instants de grâce,ceux qu'on ne peut vivre qu'au milieu de l'océan,ces couchers de soleil magnifiques que Yann photographie et envoie à sa petite fille,l'apparition d'un iceberg,d'une baleine ou de dauphins,le passage des caps mythiques,l'adrénaline de la course quand on rattrape et dépasse les adversaires tout en les respectant car ce sont tous des amis.Et puis bien sûr il y a la sympathie qui nait entre le marin et son invité surprise,en dépit de la colère initiale de Kermadec et des bourdes à répétition du gamin qui,bien loin d'aider le skipper,s'ingénie à lui compliquer la vie tout en croyant lui rendre service.Le film ménage aussi des échappées à ces scènes maritimes en nous montrant la vie de ceux qui sont restés au pays.Il y a Frank,en proie à des sentiments contradictoires.Frustré de ne pouvoir participer à l'épreuve,il doit se contenter de coacher Yann à distance et,s'il l'encourage,il ne peut s'empêcher d'éprouver une pointe de jalousie devant le succès de son second.Marie,la femme du navigateur,est stressée car elle a peur pour lui,tout comme la petite fille du marin,excédée par son institutrice qui ne parle que de la course aux enfants.Et puis il y a les gens du PC,ou les adversaires avec qui Yann communique,ou encore la navigatrice anglaise recueillie sur le bateau et qui y passe plusieurs jours avant d'être transférée sur un navire de secours.Hélas le film souffre de gros défauts qui viennent ternir le tableau,comme ces facilités scénaristiques consistant à introduire systématiquement un empêchement à chaque fois que Yann veut débarquer Mano,à force on sait toujours comment ça va se terminer.Pas crédible non plus la performance de Yann qui,retardé par une avarie,par le détour pour secourir sa collègue et par la gestion difficile de son jeune clando,parvient quand même à foutre la branlée à tous ses concurrents.Quant au final,ça tourne à la cata.On ne comprend pas pourquoi il refuse de débarquer son passager alors qu'il en a l'occasion,et encore moins pourquoi il se détourne de la ligne d'arrivée aux Sables d'Olonne,provoquant son élimination et exhibant triomphalement son compagnon de voyage,comme s'il y avait matière à glorifier la venue d'un clandestin sur le territoire français et que ça valait l'annulation de tous ses efforts pour gagner.Et bien entendu,la foule en liesse l'applaudit,on ne sait trop pour quelle raison,mais tout ceci est pile dans l'air du temps et il aurait été dommage qu'un film français ne sacrifie pas à la propagande pour l'immigration illégale,sans trop se préoccuper d'ailleurs de ce que peut devenir le gamin par la suite.C'est Samy Seghir,le môme de "Neuilly sa mère!",qui joue Mano,et ce n'est pas une réussite.Il faut dire que le personnage est tellement passif et ballot qu'il était compliqué d'en tirer quelque chose.Canet est très bon en skipper vedette dégoûté de rester à terre,et Virginie Efira est bien en épouse inquiète,étant apparemment plus faite pour les petits rôles.Pour l'occasion elle est brune,ce qui lui va plutôt bien,elle a moins l'air d'une pouffiasse comme ça.Parmi les adversaires de Kermadec on voit Jean-Paul Rouve et Philippe Lefebvre,autre pote de Canet.