Le Disney de Noël, une tradition ancrée au cœur des familles. Nous voici donc entouré de tout-petits dithyrambiques, enchantés par les couleurs, les chansons, les personnages rigolos qui défilent à l'écran, avec les parents heureux de mettre sur pause la course aux jouets (on compatit). Les plus jeunes ont évidemment adoré (aussi, si vous avez des marmots à occuper, ne réfléchissez même pas : allez-y), mais de notre côté, on cherche encore l'aspect "fantastique" de cette famille, qui nous a plutôt parue ultra-antipathique (à part Bruno, on y reviendra). Cette famille est composée de personnages qui s'acharnent tous sur cette pauvre Mirabel, qui n'a rien fait d'autre qu'être un oiseau de mauvais augure contre son gré, et on n'a pas arrêté tout au long du film de vouloir d'une part secouer l'ado pour qu'elle cesse de se faire harceler de la sorte, et d'autre part de finir à coups de pelle ses bourreaux (surtout la satanée Abuela, vipère qu'elle est). Le retournement de situation final arrive trop tard, est trop soudain pour qu'on y croit, et ne nous fera pas oublier les dix années que cette pauvre enfant a passé comme paria. Et pire que l'ado indésirable, on trouve le tonton Bruno (de notre humble avis : le meilleur personnage de cet Encanto), exilé car il ne rentrait pas dans le moule de la "fantastique" famille, et dont on se refuse même à évoquer le nom, comme s'il était contagieux (vous êtes sûr, pour le titre, "fantastique" famille, vraiment ? Plutôt "monstrueuse", non ?). Ce Bruno nous fait un remake du Sous-sol de la peur (pour ceux qui ne connaissent pas : le membre de la famille violemment rejeté qui finit planqué dans les murs et qui fait flipper tout le monde), nous fait bien rire avec ses délires absurdes, et reste brillamment doublé par José Garcia (décidément très bon doubleur !). Il est ce qu'on retient de mieux dans ce Disney, qui nous a déçu sur les autres tableaux : aventure minimaliste (un huis-clos, tout se passe dans la maison et il n'y a pas de rencontre en-dehors de la famille), dont la solution tenait en un épisode de Tous Ensemble (


depuis le début, il suffisait d'un coup de mastic


... si on tenait le scénariste qui a pondu pareille résolution décevante et facile...), chansons oubliables (sauf peut-être "Ne parlons pas de Bruno", la plus potable du lot car on sent vraiment la patte de Lin Manuel Miranda, ce génie du RnB latino et éternel Alexander Hamilton), colorimétrie poussée à l'extrême (vous pourrez régler l'image de votre téléviseur quand il passera sur M6), et phrases ultra-philosophiques ("Quand tu trouveras, tu auras fini de chercher.", non, vraiment ?). Mais quand même, on a apprécié cet effort de choisir un casting majoritairement "latino" en VO et Lin Manuel Miranda à la BO (le meilleur choix que Disney pouvait faire pour cet Encanto), on aime bien cette Mirabel loin des princesses nunuches habituelles (si seulement elle pouvait montrer l'exemple aux jeunes filles en ne se laissant pas harceler sans rien dire !), et surtout, on a adoré Bruno, entre son doublage réussi, ses vannes vraiment drôles, et qui nous a fait penser (involontairement, on en est sûr) au timbré du Sous-sol de la peur. Oui, parler d'un Wes Craven chez Disney, il faut oser. Mais on ose, car nous, "on aime parler de Bruno".

Aude_L
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste My Golden Globes 2022

Créée

le 21 déc. 2021

Critique lue 227 fois

2 j'aime

Aude_L

Écrit par

Critique lue 227 fois

2

D'autres avis sur Encanto : La Fantastique Famille Madrigal

Encanto : La Fantastique Famille Madrigal
Lordlyonor
6

"Ohana signifie famille, famille signifie que personne ne doit être abandonné, ni oublié."

Citation de Stitch (on cite de très grands philosophes sur ce compte) Je ne me suis jamais caché être un grand fan (limite fanatique) de Byron Howard, notamment pour son travail sur Raiponce et...

le 28 nov. 2021

35 j'aime

13

Du même critique

Mulholland Drive
Aude_L
5

Tout le monde adore...sauf moi (snif).

Certes, David Lynch a un style bien à lui et reconnaissable entre mille, mais il faut l'aimer, si l'on veut s'extasier devant Mullholland Drive. Subjectivement, on n'y a rien compris, si ce n'est...

le 9 oct. 2021

52 j'aime

The French Dispatch
Aude_L
7

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

le 29 juil. 2021

49 j'aime

The Substance
Aude_L
9

Notre Palme d'or 2024 !!!

On sortait de plusieurs drames "qualitatifs mais pompeux" (on va le dire poliment) dans ce Festival de Cannes 2024, alors quand vous vous asseyez en bout de rangée (Team Last Minutes), et que le papy...

le 28 mai 2024

45 j'aime