Ce qui est frappant de prime abord dans cet énième film de commando post-Dirty Dozen, c'est son ton résolument cynique. Les salopards qui forment cette section sont plus proches des mercenaires de La Horde Sauvage de Peckinpah que des éternels héros de guerre souvent représentés dans le cinéma Hollywoodien.
Des trognes patibulaires, un détachement évident, une propension à la déconne et au désintéressement, le desperado de chez Sergio Léone n'est pas loin. Menée par un officier britannique peu chevronné mais néanmoins têtu et décidé à qui Michael Caine prête ses traits et un capitaine roublard et revenu de tout, celui vers qui ils se tournent plus aisément, joué par Nigel Davenport, cette cohorte se démène dans une mission dont ils semblent totalement se ficher.
Réalisé par le vétéran André De Toth, grand spécialiste du western, dont il fût l'un des meilleurs illustrateurs. Avec des perles comme The Indian Fighter (La Rivière De Nos Amours) avec Kirk Douglas, Springfield Rifle (La Mission Du Commandant Lex) avec Gary Cooper, un western dans la neige, Day Of The Outlaw (La Chevauchée Des Bannis), crépusculaire et désenchanté et quelques Randolph Scott du meilleur acabit. Il officiera également dans le film d'épouvante avec une adaptation de L'Homme Au Masque de Cire et le film-noir (Échec Au Gang).
Incroyablement distancier et désenchanté, le film de guerre est ici illustré comme une vaste bouffonerie où l’héroïsme n'apparaît que dans les illusions d'un officier tenace et décidé interprété par un Michael Caine comme toujours parfait. On assiste aux déambulations de ce commando de mercenaires dans un désert de désillusion où ils évoluent mécaniquement face à un ennemi invisible. Ce dernier n'apparaît que sous les traits d'une infirmière caractérielle qu'ils tenteront d'ailleurs de violer.
Avec son style percutant, fait d'explosions de violence et son ton badin et désintéressé, André De Toth n'a d'autre but que de montrer l'absurdité de la guerre.
Ses enfants de salaud sont les représentants de l'absolue désillusion des idéaux guerriers prônés dans des beaux salons par des officiers idéalistes. Des hommes dans le bourbier qui ne s'expriment qu'avec des sourires moqueurs et ne cherchent qu'à s'en sortir à leur propre profit.
Débutant et se concluant ironiquement sur l'air de Lilli Marleenn, sorte d'hymne dramatico-romantique allemand dont Marlène Dietrich en repris une variation, ce film est à l'image de son titre original Play Dirty, un pamphlet désenchanté sur la bêtise des grands idéaux guerriers, doublé d'un portrait de figures de l'anti-héroisme fait perfection. Il sera le dernier film d'un grand réalisateur qui aura donné au genre dans son sens le plus noble quelques œuvres incontournables