Film prévu à l'origine pour René Clément, alors sorti du triomphe de Paris brûle-t-il, celui-ci a préféré plier les bagages, laissant au producteur André De Toth le poste de réalisateur pour réaliser cette épopée libyenne sur une bande de salopards chargés de faire sauter des dépôts d’essence allemands.
Les années 60 sont l'époque où l'opinion générale commence à critiquer le rôle de l'armée ; ainsi, on a vu plein de films sur le sujet (Cote 465, La charge de la brigade légère, La 317e section...) où les soldats placés en tant que héros ne sont plus de mise. Ils peuvent se comporter comme des ordures (cf la scène de viol sur une infirmière allemande qui sera évitée de justesse), ce que le film montre très bien.
Les décors sont ceux de Almeria, où a été tourné nombre de westerns, et ils évoquent aussi des lointaines contrées, comme si on était dans un ailleurs improbable. D'ailleurs, vu la sueur que l'on voit perler sur le front des acteurs, il a dû faire sacrément chaud sur le tournage !
De manière très surprenante, et pour l'époque, l'homosexualité de soldats est également évoquée, avec deux soldats libyens qui se tiennent la main et ont des gestes tendres, mais guère plus, et jamais sans que les autres ne les dévalorisent ! De mémoire, je n'ai pas vu ça dans un film de guerre...
On y trouve des très bons acteurs, dont un flamboyant Michael Caine, dont la blondeur et sa tenue assez claire renvoient quelque peu à un certain Peter O'Toole de Lawrence d'Arabie, et l'excellent Nigel Davenport.
A l'image de sa scène d'ouverture formidable d'ironie, où on aperçoit une jeep avec à son bord un corps meurtri (blessé ? mort ?) sur une musique de french cancan, De Toth veut montrer l'imbécilité de la guerre, et surtout montrer que ce sont pas les plus justes qui l'emportent.
D'ailleurs, les scènes de guerre sont assez rares, et plutôt placés en fin de film, mais ce sont aussi les scènes de confrontation qui frappent, car la chaleur semble rendre fou tout le monde.
Si je parlais plus tôt d'ironie, c'est aussi dans cette fin ô combien cruelle, je ne dirais rien, mais qui montre à quel point abattre des hommes ne représente que peu de choses.
Ainsi André De Toth clôturera sa carrière au cinéma (en tant que réalisateur) : sur la cruauté et la bêtise des hommes. Mais aussi sur un film formidable.