Il manque un petit quelque chose à ce documentaire d'Herzog sur lui-même et son "cher ennemi", l'acteur total et redouté, Klaus Kinski. Reliquat nostalgique d'une amitié tumultueuse (l'euphémisme en est ridicule) qui sort un peu moins d'une décennie après la mort de l'énergumène, Mein Liebster Feind circonvolue méchamment. Au moins ne prétend-il pas aller plus loin que sa vocation ; Herzog + Kinski est une équation trompeuse, la formule d'un métal hautement cinéactif dont la somme est bien inférieure aux deux sacrés numéros pris à part.
À coup de témoins-choc (ce qui l'inclue lui-même), Herzog retrace les contours d'une silhouette, un fantôme de Kinski qu'on ne connaît qu'à travers leur filmographie commune. Résultat immanquable : le film gravite autour de points importants, et quoique la façon fût honnête, on n'en ressort pas plus instruit qu'après le visionnage de leurs cinq films. J'ai ressenti le documentaire comme l'exorcisme fait par Herzog d'une relation d'où ont émergé trop de variétés de regrets, mais pas comme quelque chose qui venait vraiment du cœur.
Quantième Art