Ennio Morricone est décédé le 6 juillet 2020, laissant derrière lui un héritage musical des plus riches. Concrétisant son rêve d’enfance à savoir devenir compositeur, il a eu un parcours semé d’embûches qui n’est pas sans évoquer tous les préjugés retrouvés sur la composition pour les films. Le documentaire Ennio revient depuis la toute enfance, film après film sur le parcours de cet immense artiste. Accompagné par les témoignages du musicien lui-même, et de bien d’autres personnalités reconnues, il s’agit de comprendre son œuvre et l’homme qui l’a entretenue…

Giuseppe Tornatore aime le cinéma plus que tout, et il suffit d’avoir vu Cinema Paradiso (1988) pour le constater. Il y a une sensibilité propre au documentaire qui se dégage de ces 2h45, tant il y a cette volonté de saisir pas à pas les raisons qui poussèrent l’artiste à ne pas céder aux échecs, repoussant les déceptions et se relevant tel un cowboy souhaitant rédemption. La forme en elle-même du film est classique, mais passionnante sur le fond. Il est toujours enrichissant d’avoir le retour de l’homme sur les passages importants de sa vie, les moments qui l’ont marqué en particulier lorsque cela concerne ses plus proches. On notera une belle perspective sur la relation qu’il entretenait avec son professeur Petrassi, qui l’abandonna en quelque sorte dans sa voie professionnelle avant de se faire pardonner lorsqu’Il était une fois en Amérique (1984) sortit.


Il en est de même pour bien d’autres personnalités vues et revues dans le film, qu’il s’agisse de sa femme qui l’accompagna dans toutes ses épreuves, ou des réalisateurs/compositeurs que l’on connaît tous. On se plait ainsi à revoir John Williams, Clint Eastwood, Hans Zimmer, Raffaela Leone ou même Wong Kar-wai évoquer un peu le rapport qu’ils entretiennent avec le Maestro. Le documentaire dresse également un bel hommage à ce qu’est la composition de musique de film, élément sacré pour certains réalisateurs dont Sergio Leone, que l’on comprend aisément par le soin apporté de Morricone sur chaque film. Lui qui composait parfois plus d’une quinzaine de fois la même année, il n’y a rien de mieux que de revoir tous les grands films qui nous ont marqué et comprendre le renouvellement d’un artiste qui ne puisait définitivement jamais son inspiration de la même source.


Le documentaire est tout de même assez long, mais on ne peut pas vraiment se plaindre d’avoir trop d’informations quand le sujet est aussi riche et vaste. En effet, Tornatore aurait pu le faire durer encore plus longtemps puisqu’il omet certaines compositions (Dressé pour tuer, The Thing à peine évoqué). Mais cela est à juste titre, jamais il n’aurait été possible d’en faire le panel complet puisque Morricone a composé plus de 500 musiques pour le petit écran. Il n’empêche que le panorama est franchement réussi, tant il donne un aperçu complet des différents genres cinématographiques/musicaux pour lesquels Leone a contribué. Entre les cinémas de Dario Argento, Malick, Leone et Petri, Morricone a tout expérimenté et presque tout réussi. Surtout, il a fait preuve de résilience et a su s’adapter à son temps pour livrer des compositions toutes différentes et inscrites dans leur temps respectif.


Ennio n’est pas un grand documentaire, ni même un de ceux que l’on peut voir si l’on ne s’intéresse pas à l’artiste. Il s’agit d’un témoignage sincère d’une quantité de personnes dont le Maestro lui-même sur une œuvre intégrale, purement musicale mais empreinte d’une cinéphilie évidente. C’est un beau rappel que les grands films n’existeraient parfois pas sans leur musique, et leur compositeur. Morricone était un grand homme, et il le reste pour le monde du cinéma. Pour ceux qui continueront de s’acharner, à vouloir réussir leurs rêves.


À retrouver ici : https://cestquoilecinema.fr/critique-ennio-de-lhommage-a-lhymne/

William-Carlier
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le 12 juil. 2022

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William Carlier

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