La vie et la carrière d'Ennio Morricone par Giuseppe Tornatore, avec lequel il a travaillé sur plusieurs de ses films.
Dès l'âge de 8 ans, il savait, à contrecœur, que sa voie était tracée, à cause de la trompette que lui a offerte son père ; il sera musicien. Dès les années 1950, il va composer plusieurs musiques pour des chanteurs italiens en vogue et par le jeu de relations, Morricone va travailler pour le cinéma au début des années 1960. Fait amusant, plusieurs de ses premiers films étaient signés sous pseudonyme, car à cette époque, faire des bandes originales n'était pas considéré comme noble. Mais le compositeur va s'accrocher, jusqu'à sa rencontre avec Sergio Leone, son camarade à l'école primaire, et faire la carrière incroyable que l'on sait qui va durer plus d'un demi-siècle.
Le documentaire est très généreux en extraits, interviews d'admirateurs et de personnes ayant travaillés avec le Maestro, et tous sont comme éblouis par celui qui est surnommé le Mozart de la musique de film. D'ailleurs, Morricone lui-même est longuement interviewé et revient, avec des démos sonores à la bouche, sur certaines de ses compositions. On peut citer Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, La bataille d'Alger, Le clan des siciliens, Mission, Les incorruptibles et tant d'autres, mais il y a une part non négligeable qui est sur son travail plus expérimental, notamment avec Pasolini (Des oiseaux, petits et gros, dont l'annonce des crédits est chantée par Morricone lui-même). Le mérite du documentaire n'est pas que de parler de ce qui serait le plus évident quand on parle du compositeur, mais d'être très large sur le sujet même si en plus de 500 bandes originales, quelques oublis se font sentir, comme par exemple Le grand silence ou The thing, musiques que j'adore.
Autant le film en lui-même est passionnant, Morricone n'étant pas avare d'anecdotes, autant je trouve que certains pans de sa carrière sont étrangement évacués, en particulier sa collaboration dans les années 1970 avec Bruno Nicolai, dont on sait depuis qu'il ont composé des films ensemble, mais que ce dernier a été le prête-nom de Morricone. Car il ne faut pas oublier qu'il pouvait travailler pour une vingtaines de films sur une année, ce qui parait démentiel aujourd'hui. Du coup, sa vie privée est quasiment évacuée : sa femme n'étant pas interviewée, celle-ci s'éclipsait volontairement et faisait tout pour que son mari travaille en toute liberté.
Après, si l'intervention de collaborateurs peut être intéressantes, surtout ceux et celles avec qui il a travaillé au début de sa carrière, les louanges parfois dithyrambiques de fans semblent parfois démesurés. Car quel est l'intérêt de faire intervenir quelques secondes John Williams pour lui faire dire aussi peu ?
Personnellement, Morricone n'est pas mon compositeur préféré, je lui préfère Jerry Goldsmith ou John Williams, mais il n'est pas question de nier son talent exceptionnel et d'avoir porté la musique de film à de tels sommets. Au début de sa carrière cinématographique, Morricone voulait élever la bande originale au niveau d'un art ; c'est chose faite.