Le film de Marc Allégret est un hommage au théatre et à ceux qui le servent, fussent-ils de simples étudiants pleins de passion pour la scène et d'espoirs de triomphes. Dans de trop épisodiques apparitions, Louis Jouvet professe même des théories amoureuses sur la discipline de sa vie. Ces scènes constituent, grâce au comédien, plus cassant que jamais dans ce rôle de professeur de théatre qu'il est dans le film comme dans la vie, et au dialoguiste Jeanson, de jolis moments, les meilleurs du film.
Personnage principal de l'histoire, François (Claude Dauphin) est l'illustration de la confusion pour certains entre la vie et le théatre. Beau parleur et séducteur, François fait de son histoire sentimentale avec Cécilia ( Odette Joyeux) une sorte de jeu tragique de la séduction dans lequel il compose et joue, sans l'imaginer, un triste rôle. Cette intrigue amoureuse très classique qui, au début du film, semble une digression, révèle tout son sens lorsqu'à l'occasion d'un dénouement ingénieux les illusions du théatre s'insinuent dans la réalité. Le thème n'est pas fondamentalement original (Jean Renoir, entre autres, l'abordera dans "Le carosse d'or") mais Allégret fait preuve de sincérité et s'appuie sur un scénario qui sert favorablement cette idée. Et puis il y a Jouvet et son autorité en la matière.