J'ai beau me demander si ce n'est pas le traumatisme « Twilight » qui me donne l'impression que tous les films de vampires que je découvre depuis sont presque des chefs-d'œuvres, j'avoue qu'il m'a bien plu cet « Entretien avec un vampire ». Superbement photographié et éclairé, sans parler de décors admirablement exploités, le film dégage une beauté sensuelle à laquelle il est difficile de résister, surtout lorsque vos interprètes principaux se nomment Brad Pitt et Tom Cruise. Leur relation, mâtinée de fascination et de défiance, est une vraie réussite, faisant souvent monter la sauce d'un cran, leur approche radicalement opposé du « métier » de vampire étant aussi l'occasion d'intéressantes réflexions où leurs deux conceptions peuvent se comprendre.
Mais heureusement, le film ne s'arrête nullement en si bon chemin : que ce soit dans un premier temps l'apparition d'une Kirsten Dunst crevant déjà l'écran a douze ans ou une seconde partie « parisienne » très sombre et renouvelant avec brio l'intérêt de l'œuvre, les pistes narratives comme visuelles s'avèrent régulièrement stimulantes, que ce soit par leur violence crue ou l'aspect très mélancolique renforcé par une voix-off convaincante. Bref, si certains ont jugé l'entreprise inégale, j'avoue avoir été au contraire surpris par la cohérence et la richesse de l'ensemble, avec en prime un émouvant hommage au cinéma pour quasiment conclure le récit : de très loin la meilleure adaptation d'Anne Rice à ce jour.