Je suis allé voir ce film entre deux cours pour tuer le temps avec comme seule information dessus, l'unanimité qu'il a provoquée par sa qualité. Alors là je ne comprends pas, je ne comprends vraiment pas.
Pas une seconde EO ne m'a réellement embarqué, il m'a au contraire laissé sombrer dans un sommeil profond avant de m'en tirer violemment par ses effets sonores assourdissants. Que les gens qui n'ont jamais vu Au hasard Balthazar aiment ce film je peux à la rigueur le comprendre, mais les autres... Et pourtant je n'ai, des gens dont j'apprécie le jugement, pas eu un seul écho négatif. Mon jugement a-t-il était obscurcit par une journée difficile, une nuit agitée ou un repas mal digéré, je ne sais pas.
Ce qui est sur c'est que j'ai eu pendant 1h20 l'impression de voir le film d'un étudiant de l'ESRA chargé de faire un remake du film de Bresson, et c'était d'un ennui... Je ne vois dans le fond aucune différence entre les deux, le sujet traité est le même, et l'outil pour aussi. Un âne traversant l'horreur du monde des hommes, subissant ses faiblesses et ses excès. Certes le monde représenté n'est plus exactement le même mais enfin le résultat est là.
Quant à la forme que dire... C'est un film stylé ! Croyez-moi ce n'est pas bien. D'abord les effets sonores, responsables de m'avoir tiré des bras de Morphée, ne sont que le reflet d'une manque réel de subtilité du film. Ils n'apportent rien, ne transmettent rien. Combinées aux images clipesques de l'âne, ils font du protagoniste un être pour lequel je n'ai eu aucune compassion, là où la mort de l'âne chez Bresson m'a empêché de parler pendant des heures, ici je n'ai fait que l'attendre, j'aurai plongé dans le film pour en finir moi même, pour m'épargner ces braiments, pour me délivrer de ce calvaire plus rapidement. J'ai trouvé ce film mémorable par sa non justesse et par sa fausseté. Il faut parler de ces gros plans sur l’âne qui auraient pu être réalisés par la fondation 30 millions d’amis ou la SPA. Sérieusement on ne fait que nous tirer les larmes tout le long, jetez moi directement du collyre dans les yeux. Cela rend le film ridicule, la méchanceté des hommes est grossièrement accentuée alors qu’elle en a nul besoin et cette nécessité de montrer l’innocence de l’âne c’est d’un pathos. Sa réécriture de Balthazar est bancale et la poésie qu’il essaye d’instaurer est fausse. La scène où la camera tourne autour de la forêt, cette image teinte en rouge où l'on se rapproche de l’éolienne. Que transmet-elle ? L’impact négatif de l’homme sur l’environnement ? Oui et ? On s’en branle, je n'ai pas attendu son film pour le constater.
Trop impliqué dans une forme grotesque, le réalisateur délaisse son fond qu’il jette à la tête des spectateurs sans subtilité, sans ambiguïté, sans poésie, avec une violence exacerbée devenue ridicule. Un film stylé dont aucune émotion se dégage, le vide.
Je crois qu’il devrait relire les notes sur le cinématographes de Bresson car il n’a visiblement pas compris ce qu’il entendait par « la force éjaculatrice de l’oeil ».