Voilà quelques semaines que j'ai vu Equus, et je ne pouvais que revenir dessus, tant j'ai pensé à lui depuis.
Sidney Lumet est un cinéaste que j'apprécie énormément. Je ne saurais citer un de ses longs métrage que je n'ai pas apprécié, mais mis à part 12 Hommes en Colère, il n'y a pas de chef d'oeuvre dans sa filmographie. Serpico, The Offence, A bout de course sont de bons films, maîtrisés de A à Z et porté par des interprétation de grande qualité (Pacino, Connery, Phoenix, les plus grands ont été film par le bon Sidney), mais il m'y manque l'exaltation que me procure des Peckinpah, Leone, Mann ou Costa-Gavras.
Et voilà Equus. Si ce n'avait pas été pour son réalisateur, je serais passé à côté de ce film, car sa distribution (la seule "star" est un Richard Burton en fin de carrière) fait pâle figure à côté de celles des oeuvres citées plus haut. Mais ce pitch m'a capté. Un psy qui s'occupe du cas d'un jeune homme ayant mutilé des chevaux, et va chercher quelle lubie l'a poussé à une telle atrocité.
Lumet nous sert une œuvre singulière, sans fausse pudeur, et objective, tant elle se réserve de juger ses protagonistes. Il y dénonce le puritanisme, et le rôle néfaste du bigotisme dans le développement des adolescents, en nous confrontant à un jeune homme libéré, exalté et passionné, sans tabou ni limite, mais refréné par la société qui voit d'un mauvais œil ce qui sort de ses standards et traditions.
Il est porté par une interprétation sobre mais exalté de ses deux comédiens principaux, qui s'engage régulièrement dans des joutes verbales assez fascinantes, flirtant parfois curieusement avec une forme d'indécence, vite désarmée par la remise en contexte dans la thérapie psychologique. Lumet réussit cependant à mettre en lumière le rapprochement entre les deux protaganistes par ses conséquences. En sortant son patient de ses lubies et en le remettant dans le droit chemin, le psychologue remet en question sa propre réalité et tangue.
Mais le droit chemin est-il le plus favorable à l'individu ? Voilà toute la question de ce film. Car en abordant avec un finesse un sujet tabou, le fétichiste hippophile, en humanisant au plus fort celui qui la vit (subit?), il questionne la légitimité du modèle amoureux, familial, religieux qui régit la sexualité dans nos sociétés christianisées.