Inutile de s’attarder sur le contexte « histoire vraie » d’Escape from Pretoria, prétexte à une exposition aussi courte qu’efficace. Francis Annan semble beaucoup plus fasciné par la petite histoire que par la grande (les prisonniers politiques de l’Apartheid), et c’est sans doute ce qui contribue à la réussite de ce premier film, soit un peu scolaire, mais qui séduit par son éloge affûté de la ruse et de la force mentale.
Sans trop se soucier des codes habituels des films de prison (rivalité/agressivité entre détenus, sadisme des gardiens…), Escape from Pretoria préfère se concentrer sur la personnalité à part de Tim Jenkin, bloc de détermination taiseux. Refusant toute psychologisation, Francis Annan se concentre sur les gestes, l’ingéniosité et la minutie de ce héros que rien ne semble atteindre, et enchaîne les scènes climax avec beaucoup d’aisance. En permanence dans l’action, jamais Jenkin ne semble douter de ses capacités à s’évader et le spectateur assiste, ébahi, à cette leçon de patience et d’abnégation prodiguée par un jeune homme animé par une capacité de résilience hors du commun.
Resserré sur l’essentiel des étapes clés de la détention de Jenkin, Escape from Pretoria parvient à nous faire croire que le séjour de Jenkin à Pretoria a duré le temps d’un craquement d’allumette, et ne joue jamais la carte de l’anxiété tant l’issue de l’évasion ne fait aucun doute. Ce premier film honnête et discret est un bel appel au dépassement de soi, physique et intellectuel, comme meilleur remède à l’enfermement forcé.