En voilà un western spaghetti atypique !
"E Dio disse a Caino" commence avec les archétypes du genre. Un héros mutique emprisonné pour un crime qu'il n'a pas commis. Libéré, il décide de revenir en ville pour se venger, contre son vieil ennemi devenu le parrain local.
Sauf qu'assez rapidement, plusieurs surprises sont proposées. D'abord, Klaus Kinski est très loin de ses interprétations enflammées, ou celles de seconds rôles comiques. Il joue ici tout en retenue un protagoniste marqué par la prison, devenu nihiliste à l'idée d'avoir perdu sa vie alors qu'il était innocent.
Ensuite, les méchants sont loin d'être des caricatures. Le chef de bande incarné par Peter Carsten (décidément, le gang des Allemands !) est un personnage très humain. Malhonnêtement établi, mais souhaitant sincèrement la réussite de son fils beaucoup plus candide. Et terrorisé à l'idée que celui-ci apprenne son passé peu glorieux.
Enfin, c'est évidemment la forme. Oubliez les duels ensoleillés, ici l'action se déroule essentiellement sur une nuit, lors d'une tempête. Si l'ennemi est supérieur en nombre, le héros sera supérieur en ombres, exploitant les sous-terrains et l'obscurité pour embusquer ses adversaires. Ce qui donnera lieu à quelques tueries originales, dans une ambiance presque gothique.
Honnêtement, j'ai eu l'impression par moment de regarder un film d'horreur de la Hammer plutôt qu'un western spaghetti ! On a même le droit à un final sur fond d'incendie. Je souligne aussi quelques scènes bien réussies. Un affrontement acoustique dans des tunnels, ou autour d'une galerie des glaces. Ou des jeux d'ombres sympathiques.
Je pointerai simplement du doigt cette étrangeté de voir tous les personnages porter un chapeau alors qu'il y a soi-disant des vents violents. Ou le fait que le héros zigouille les ennemis avec grande facilité, sans jamais être mis en difficulté (personne n'est au courant de l'existence des sous-terrains ?).
Mais s'il on met ça de côté, "E Dio disse a Caino" est un western original très plaisant.