...Et pour quelques dollars de plus par Kroakkroqgar
Trois ans avant la sortie de ‘Il était une fois dans l’Ouest’, Sergio Leone expérimentait déjà le procédé scénaristique qui ferait de son film un chef d’œuvre. L’effet y est tout de même moins fort dans ‘…Et pour quelques dollars de plus’, mais le western reste un bon film.
Les deux personnages principaux sont le Manchot et le Colonel Douglas Mortimer, deux chasseurs de primes aussi charismatiques et efficace l’un que l’autre. Tous deux se mettent en chasse d’un criminel surnommé l’Indien, et le film mettra en scène leurs frictions, leur association et les tensions entre les deux hommes. Si le film offrait déjà de grandes possibilités scénaristiques, il en rajoute une couche lorsque les deux acolytes proposent d’infiltrer la bande de leur cible. A partir du moment où le Manchot et Mortimer s’associe, le film décolle sérieusement, et les rebondissements sont nombreux et intelligents.
Cependant, ‘…Et pour quelques dollars de plus’ aurait pu mieux profiter de son potentiel. On aurait en effet apprécié plus de traîtrise de la part du Manchot, et une plus forte tension entre les deux chasseurs de prime. De même, la révélation des véritables intentions de Mortimer n’est pas aussi forte en émotion que voulue, en raison du voile de flou concernant le flashback, mais le scénario reste très bon.
Pour autant, le film peine à démarrer. Les personnages mis en scène par Sergio Leone ne sont pas tout de suite convaincants : mutiques et hautains, on se lasse de voir le Manchot allumer méthodiquement ses cigarettes d’un air sûr de lui. Par ailleurs, l’accoutrement du Colonel Mortimer au début du film ne rend pas franchement justice à la prestance du personnage. Mais là encore, passé un duel d’habileté au tir plutôt douteux, les deux héros s’ouvrent aux spectateurs, et on arrive enfin à mesurer leur charisme. Même si Clint Eeastwood en rajoute un peu un cigare en bouche, Lee Van Cleef et lui forment un formidable duo. L’Indien est un personnage plus obscur, mais au moins il interprète un bandit intéressant, malgré son rire exagéré.
La réalisation marquera quant à elle davantage grâce à sa bande-originale. Ennio Morricone fait des miracles, et les thèmes apportent aux images le véritable souffle de l’Ouest. Que ce soit l’évasion détendue de Sancho, la chevauchée avant le braquage d’El Paso, ou le duel final, ce sont les musiques qui font les scènes clés du film.
Un western de qualité, au principe narratif que Sergio Leone perfectionnera dans ‘Il était une fois dans l’Ouest’.