Une chronique enfantine attachante et réaliste où l'on est forcé de retrouver mais trop anecdotique.

On apprend lors de l’encart final que cet « Eté 93 » était celui de la réalisatrice Carla Simon. Son long-métrage qui a reçu l’ours d’Argent du meilleur premier film à Berlin prend alors une toute autre saveur et cela accroît encore plus l’aspect véridique que l’on avait déjà ressenti durant toute la projection. Cette aspect autobiographique (et certainement cathartique pour la cinéaste) se ressent à chaque plan, sur chaque image, dans chaque séquence de cette chronique estivale d’une enfance. Tous ces petits riens, toutes ces petites aventures à hauteur de fillette, tous ces détails qui parsèment cet été, n’ont pu être inventés. Ils ont été vécus et c’est ce qui donne tout son charme à « Eté 93 ».


On y voit donc la petite Frida (Carla Simon enfant donc) perdre sa mère dans des circonstances qu’on devine au fil des discussions des adultes durant le film, mais que la réalisatrice ne préfère pas trop creuser, certainement par pudeur. Car oui, on verra tout que par les yeux de Frida. Tout se joue à hauteur d’enfant, il n’y aura aucune scène sans elle et tout se déroule à travers le prisme des yeux d’une enfant durant quelques semaines, le temps d’un été donc. De ce point de vue, c’est très réussi et cela donne au film un aspect à la limite du documentaire. Rarement, l’enfance n’avait été croquée de manière aussi réaliste. L’interprétation époustouflante de la jeune Laia Artigas y est pour beaucoup, elle est d’un naturel tellement incroyable qu’on croirait que c’est son été à elle qu’elle vit dans le film.


On passe donc un agréable moment, bucolique et ensoleillé, rempli de petits moments drôles et/ou touchants. D’ailleurs, on se retrouve dans certains d’entre eux, l’effet Madeleine de Proust fonctionnant à plein dans quelques unes des mini péripéties de la jeune Frida. Cependant, tout cela relève trop de l’anecdotique pour être pleinement emporté. Il y a quelques longueurs et redondances et surtout, il manque un véritable fil conducteur qui fasse passer « Eté 93 » de petite chronique documentaire attachante à un véritable drame bouleversant. Ce n’était peut-être pas le but de Carla Simon mais cela aurait donné plus d’ambition et de coffre à son premier essai. En l’état, c’est juste mignon et relativement touchant.

JorikVesperhaven
6

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le 21 juil. 2017

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Rémy Fiers

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