Le talent d'actrice de Valeria Golino est incontestble, celui de réalisatrice est moins évident après un beau coup d'essai, Miele, porté par la magnifique Jasmina Trinca. Euforia est en effet un peu bancal, tardant à se centrer sur son vrai sujet, une histoire de frères qui arrivent enfin à s'aimer malgré ou plutôt à cause de la maladie et de la fin prochaine de l'un des deux. Décidément, la mort est un motif qui hante la cinéaste puisque c'était déjà le thème de son film précédent et si elle ne manque pas de délicatesse pour le traiter, son récit emprunte parfois des voies détournées avant de s'y confronter vraiment, les plus belles scènes se trouvant vers la fin, en particulier avec l'apparition de Jasmine Trinca (encore elle). Bien entendu, Valeria Golino s'est méfiée du caractère mélodramatique contenue dans Euforia, ce qui explique ses circonvolutions préalables mais elle perd beaucoup de l'émotion qui aurait dû être ressentie davantage. Le film est d'ailleurs axé d'abord sur le frère bien portant, brillant et superficiel, alors que l'autre est moins bien "traité" n'existant finalement que par le mal qui le détruit, sans que son personnage ait été suffisamment construit en amont y compris dans son opposition fraternelle. Euforia est donc assez frustrant et même parfois lymphatique s'en remettant à deux interprètes d'exception, parmi les plus brillants dans leur génération en Italie. Riccardo Scarmarcio a le rôle le plus gratifiant et il est étincelant, une fois de plus serait-on tenté d'ajouter..