Non, ce n'est pas un footage de gueule…
À première vue, Europa Report fait très peur : du found footage qui démarre immédiatement avec des interviews assez laborieux et prétentieux ainsi qu'une narration non-linéaire en totale contradiction avec le principe même du found footage.
Ajoutons à cela que, dès les premières minutes, on découvre que faire de la hard SF, c'est bien, mais que faire appel à des consultants aurait été une bonne chose : le vaisseau spatial est composé de grandes pièces complètement vides, les fauteuils utilisés pour les décollages sont disposés de manière complètement absurde.
Très vite, il apparait que les "astronautes sélectionnés" sont une véritable bande de bras cassés : ils sortent dans l'espace sans être attachés (ou presque), lors des EVA, ils s'échinent comme des brutes sur le matériel et lorsqu'on leur annonce de rentrer à cause d'une augmentation des radiations, ils disent "attendez, je vais juste voir un peu plus loin, ça a l'air cool". Ajoutons à cela que le commandant de bord détache sa ceinture lors des atterrissages peu contrôlés. Bref, on est très loin du réalisme d'une mission spatiale.
On sent également la difficulté de reproduire l'apesanteur, difficulté contournée en attachant les personnages dans leur fauteuil et en leur demandant d'agiter les bras doucement. Au moins, ils essaient ! Sauf qu'il aurait été pertinent de leur dire de pas balancer les bras de cette manière lorsque le vaisseau est soumis à la pesanteur et qu'il aurait été judicieux de les attacher à l'envers afin de faire flotter les cheveux au lieu de les voir pendre ostensiblement.
Mais, à choisir, je préfère tous ces défauts, toutes ces erreurs à n'importe quel blockbuster. Parce qu'Europa Report nous fait le plaisir d'essayer de nous offrir du réalisme. Et que, ce faisant, il apporte un véritable suspens, une véritable excitation envers la conquête spatiale.
Si, comme moi, vous avez toujours rêvé d'aller dans l'espace, vous vous surprendrez à éprouver une véritable empathie pour ces personnages, pour ces explorateurs qui sont réellement loins de chez eux, sans aide, sans espoir. Contrairement à Gravity, Europa Report m'a fait ressentir le danger inhérent, fondamental à être un fragile être humain dans une boîte de conserve si loin de la terre.
Et la touche finale de SF vient apporter une dernière note jouissive d'inconnu, de mystère et de justification à tout ce sacrifice (à l'opposé de Gravity, encore une fois).
Le film aurait pu s'achever sur cette note quasi parfaite mais, malheureusement, c'est reparti pour 5 minutes d'interview où on nous ressasse lourdement le pourquoi en explicitant le message qui transparaissait de lui-même dans le film. Comme si le réalisateur n'avait pas eu confiance en son propre film.
C'est un peu dommage mais c'est à voir !