Huit ans.
On a attendu huit longues années pour savoir si Anno allait partir avec la caisse en nous faisant des bras d’honneur ou si ça allait bien se passer. Et le pire ? Ça valait le coup d’attendre.
Après une introduction survitaminée à base de tour Eiffel de combat en images de synthèse de qualité discutable (ça va mal vieillir), le rythme ralentit sacrément avec presque 45minutes très terre à terre ne faisant aucunement progresser l’histoire principale.
Shinji pleure dans un coin, on a l’habitude. Rei profite de sa nouvelle vie champêtre pour se découvrir au contact des autres et les grandes satisfactions viennent des choses concrètes (nature, enfants, sentiments, efforts) plutôt que de sévères bastons. Un choix loin d’être anodin vu ce qui va suivre.
Bizarrement, il y a assez peu d’Eva dans ce film, ça semble être une préoccupation secondaire vu que tout le monde a des vaisseaux surpuissants. La Nerv fabrique même des robots bizarres dotés de la solidité d’une biscotte et ne ressemblant à rien. On leur pardonne volontiers, après tout ils ne sont que deux pour faire tourner la boutique et en plus ils vivent sur une pyramide volante.
Arrivé aux deux-tiers, Anno a dû se dire que c’était trop limpide et nous gratifie d’un barrage de dialogues et d’événements inexpliqués avec, entre autres, des lunes se transformant en lances et des « superpositions » d’Eva pour aller dans l’anti-universe, quoi que ça veuille dire.
Au cœur de ce sympathique bordel, la théorie de la boucle se confirme. Evangelion est une histoire qui se répète avec Shinji en pièce centrale de l’échiquier et son incapacité à faire le bon choix au moment crucial comme déclencheur de chaque nouvelle boucle.
Pas évident malgré tout de relier la fin de The End of avec le début du film 1.11, mais peu importe, car ce qui nous intéresse, c’est le symbolisme. Et de ce côté là, jamais Evangelion n’a été aussi clair : c’est un adieu.
Mais un adieu à quoi de la part de qui ? D’Anno envers son œuvre majeure ? Des fans pour l’univers qu’ils chérissent si déraisonnablement depuis 1995 ?
Plus certainement celui d’un adulte à son imaginaire d’enfant. Shinji a grandi, mentalement, physiquement et il a abandonné sa quête d’une mère de substitution, ses robots géants et ses amourettes fantasmées. D’une certaine façon, il a mis ses jouets et ses illusions au placard pour accepter le monde réel et y trouver quelque chose de vrai.
Il suffit de comparer les paroles de « Komm, süsser Tod », « Give me wings » et « Voyager » pour réaliser le chemin parcouru.
D’où cette fin, incroyablement satisfaisante, s’appliquant à achever la thérapie des personnages. Difficile de rester de marbre face à l’ultime séquence, synonyme d’un nouveau départ que l’on n’attendait pas si radical. Ils m’ont même tiré une larme.
Il aura fallu 25 ans depuis le final controversé de la série pour retourner au même point, à la même conclusion, pour boucler la dernière boucle. Mais cette fois-ci le message est passé.
Evangelion c’est bien fini.
Félicitations !