Everybody Loves Touda est un cri, un chant, âpre et intelligent, porté par la performance incandescente de Nisrin Erradi. Touda, chanteuse de l’Aïta, voit son art captif d’une société où la femme est jugée, marchandisée et leur corps exposé aux regards destructeurs de leurs patrons adipeux et des spectateurs voyeuristes.
Le film s’ouvre sur une agression brutale, plantant dès les premiers instants le décor d’un monde où l’espace public réduit le féminin à une précarité constante. Ce moment initial devient le prisme à travers lequel le spectateur observe la lutte constante de Touda pour exister en tant que femme et artiste. L’Aïta, ce chant des sheikhats, devient l’arme fragile pour exister.
La quête artistique de Touda, sans cesse bridée par le poids des regards et des injonctions masculines, trouve paradoxalement son souffle dans ces mêmes figures oppressives. Ce sont eux, les hommes qui l'entravent, et qui deviennent aussi les porteurs des aides nécessaires à son ascension. C'est dans cette tension que réside toute l'intelligence du film.
Cependant, Le récit peine parfois à insuffler l'élan fiévreux que promettent ses séquences musicales. Enserré dans un schéma narratif trop convenu et didactique, il limite l'empathie envers les dilemmes intérieurs de son personnage, laissant entrevoir une richesse émotionnelle qu'il n'atteint jamais pleinement.
En somme, Everybody Loves Touda n'est pas un pamphlet contre les hommes, mais une exploration nuancée des rapports de pouvoir dans une société définie. À travers son héroïne, le film questionne les dynamiques genrées, tout en célébrant leur capacité à résister, à s'exprimer et à transformer leur réalité.