Il est difficile de rendre un hommage sincère et efficace à l’ovni « Everytime ». Cette comédie incisive ne nous laisse pas respirer un seul instant. Elle foisonne de références cinématographiques, easter eggs, questionnements philosophiques, mises en abyme à plusieurs niveaux. De l’humour absurde et très subtil en veux-tu en voilà, saupoudré de quelques blagues potaches pour créer un contraste loufoque jusqu’au-boutiste. Voici la proposition magistrale des Daniels. Le tout porté par des acteurs qu’on a plaisir à voir ou revoir, l’héroïne de Tigre et Dragon, Data des Goonies (ou demi-lune selon les préférences), Jamie Lee Curtis, pour ne citer qu’eux.
Le personnage principal, Evelyn, est une femme mûre qui s’enlise dans un quotidien mortifère jusqu’à ce qu’elle se retrouve embringuée malgré elle dans une folle histoire de multivers où elle va devoir parcourir l’intégralité de ses autres vies dans d’autres univers (dans lesquels elle aurait fait des choix de vie différents) pour emprunter les aptitudes des autres Evelyns afin de vaincre un Mal qui menace tout le multivers. Un scénario très « Marvel » mais avec un traitement décapant et bougrement intelligent. Le film met en opposition deux philosophies de vie, le nihilisme et l’optimisme.
Evelyn sera le chaînon manquant entre les deux, oscillant de l’un à l’autre. Le nihilisme est porté aux nues par l’antagoniste (Stéphanie Hsu), une « méchante » très badass et ultra cool qu’on aimerait avoir pour copine. Comme plus rien n’a de sens pour cette dernière, elle prend un malin plaisir à parcourir le multivers en bousillant tout sur son passage, avec un style Harley Quinnesque particulièrement jouissif. En opposition, vient le mari d’Evelyn, homme doux et gentil, qui essaye toujours de voir du positif dans la grisaille répétitive de la vie. Evelyn va devoir faire son choix et nous allons suivre le cheminement de sa pensée, tout comme les multiples cheminements de vie qu’elle a pris (ou pas pris).
Le film fourmille de références, et notamment à Tigre et Dragon puisque le rôle d’Evelyn est tenu par Michelle Yeoh en personne. C’est d’ailleurs par rapport à cela qu’intervient la mise en abyme à plusieurs niveaux mais chut, le spectateur doit découvrir cet habile procédé par lui-même. Il rira aussi beaucoup. Car on rit devant Everytime, même si le sujet de fond est très sérieux.
Seul petit bémol, qui me retient de lui attribuer la note de 10/10, la fin très convenue. Le film aurait mérité un bouquet final bien plus cynique pour friser la perfection.