Est-ce que les robots peuvent être capables de nous donner l'illusion qu'ils sont des êtres humains composés de chair, d'os, de sang et de sentiments ?
Une question qui va bien au-delà du test de Turing, bien au-delà de la science même, et qui va nous plonger dans des abysses d'ambiguïté vite troublantes et dérangeantes.
Un lieu clos, seules quelques petites et courtes sorties à l'extérieur, dans des paysages sublimes au passage, nous seront autorisées... un lieu clos donc géré entièrement par l'informatique, une partition à quatre personnages, dont la figure du savant fou qui sent bon la littérature gothique anglaise du XIXe Siècle, une avalanche d'allusion à la Bible et à la mythologie grec ; une lutte de l'être humain contre la machine, mais aussi, et peut-être surtout, une lutte de l'être humain contre l'être humain.
C'est avec ce fil conducteur et ces multiples références qu'on va avoir le droit à un film de SF ne voulant pas caresser le spectateur dans le sens du poil, qui va au contraire bien tout faire pour le déranger. Franchement, c'est partir avec un sérieux handicap que de se confronter à un robot, excellemment incarné par Alicia Vikander (peut-être son plus grand rôle, juste devant celui qu'elle a joué dans Royal Affair !), dégageant autant de sensualité. Ne jamais oublier qu'on est un animal sexuel, et que celui-ci peut prendre très facilement le pas sur l'être humain réfléchi.
En ressort une œuvre prenante, d'une logique implacable, et qui met très vite le spectateur mal à l'aise, en parvenant parfaitement et audacieusement à le mettre devant un miroir des moins flatteurs. Et de laquelle on ne manquera pas de mentionner aussi de brillants effets spéciaux ainsi qu'une interprétation comme toujours magistrale d'Oscar Isaac en Docteur Frankenstein de notre ère moderne. En toute franchise, un des meilleurs films du genre depuis un sacré bon bout de temps.