Les particularités que l'on reproche à votre film aujourd'hui, son
celles-là mêmes qui feront qu'on l'aimera demain. Dixit,
Francis Ford Coppolla
Excalibur de Boorman est ce genre de création graphique orchestré visuellement pour le 7ème Art, tout en respectant les codes en grand nombre de la légende symbolique initiatique du Roi Arthur. Et malgré... heu... non ! Non ! Et grâce... Oui ! Grâce au traitement de certain aspect à l'image qui semble Kitschissime à maintes reprises jusqu'en dans la mise en scène, Excalibur s'en va vers une gloire qui lui fera passé l'époque d'un trafic numérique, haut la main ! Et la conséquence de ce travail d'orfèvre, ici offert par John Boorman, c'est que l'on peut voir ce film un nombre incalculable de fois en ayant chaque fois, selon son degré de conscience, un sursaut d'éveil renouvelé...
Par exemple... heu... je ne souhaite pas vous spolier les innombrables morceaux de bravoures que comporte ce Chef-d'oeuvre, aussi si vous n'avez pas vu ce film et que vous continuez ici cette lecture... heu... disons que, au mieux, ce qui va suivre peut être vu comme un effet de bande-annonce... voir plus, si affinités, OK ?! Je continue...
Et alors que je viens de revoir ce film pour la énième fois, un nouveau niveau de lecture m'est apparu sur l'une des séquences... Il s'agit de celle où, au coeur de la forêt, le Roi Arthur surprend Lancelot avec la Reine Guenièvre endormis, tout deux nus enlacés à même le sol... sous un arbre !
Les amants sont là, endormie, nus au coeur de la forêt, sur l'herbe de la nuit, que l'on devine douce. Alors que... revêtu de son armure, le Roi, au dessus des amants, lève sont épée, sa lourde épée, s'apprête à frapper et... frappe !
Arrivé là... je passe les détails et les répercutions qui ont lieux ailleurs dans le Royaume, à la suite de cet acte du Roi Arthur. Il y a là matière à une autre chronique !
Et donc... un peu plus tard, au petit matin de la nature, le couple d'amants encore enlacé dans sa nudité se réveille, et c'est Guenièvre la première qui ouvrant les yeux, découvre terrifiée, Excalibur l'épée du Roi, planté en terre entre elle et Lancelot.
Tiré de son repos par le cri de Guenièvre, Lancelot à son tour horrifié, reconnait Excalibur et remonte d'un geste vif la paume de sa main ouverte contre le fil de l'épée, sans doute pour voir si il ne rêve pas. La douleur et le sang qui coule lui assure qu'il est bien réveillé et son crie plein d'effroi se verbalise alors ainsi ;
le Roi sans épée ! La terre sans Roi !
Lancelot nu comme un nouveau-né, le corps parfaitement glabre, s'enfuit dans la forêt, laissant derrière lui Guenièvre seule et nu elle aussi, en pleure sur Excalibur, l'épée magique qui se dresse ainsi fiché en terre, sans plus de Roi pour la brandir.
Une forêt... comme un jardin ?! un arbre, un homme nu, une femme nu... une lame magique et tranchante pris dans la terre ?!
Attend ! Attend ! J'sens qu'çà viens ! Voyons voir ?! Serais-ce qu'Eden vient à nouveau de revoiler son mystère Adamique ?!
L'avantage du langage symbolique-imagé, c'est que sa lecture peut s'effectuer sur plusieurs niveaux. Depuis des millénaires maintenant, dans certaine traditions orales et autres livres sacrés, l'épée est par analogie, équivalente au pouvoir divin du verbe lié à celui de la vérité. Par ailleurs Merlin dans le film y fait allusion plusieurs fois de façon à peine voilée.
Il y a dans le langage des savants initiés, un dicton, une parole, qui dit clairement que ; l'homme regarde Dieu et la femme regarde l'homme qui est tourné vers "Dieu" ! Mais si l'homme regarde la femme au lieu de regarder "Dieu" alors la femme le dévore ! Un peu à l'image de cette insecte bien nommé, la mante-religieuse, qui lors de l'accouplement dévore le mâle.
Donc... l'homme qui ce tourne vers Dieu est, à ce moment là, une femme. Car c'est Dieu qui est le pouvoir fécondant et l'homme qui est fécondé. Si l'homme n'est pas comme une femme c'est à dire, polarisé réceptif, il ne peux recevoir l'inspiration divine qui est essentiellement émissive, pour pouvoir ensuite féconder la femme... la femme qui regarde l'homme qui regarde Dieu. Afin que, l'homme fécondé par Dieu, emplisse la femme de cette lumière qu'il a reçu d'en haut.
Une fois la femme emplie par l'homme qui regarde Dieu, celle-ci ne le tue pas car elle sait à ce moment-là qu'avec cette matière de lumière divine, elle devient alors la mère-souveraine formatrice des mondes.
Avec cette grille de lecture on peut comprendre combien, la femme, de nos jours, et ce depuis, bien avant l'avènement du Christ, a été et est toujours diabolisé par de soit-disant "religieux" qui s'abrutissent et abrutissent de façon dogmatique et hyper-limité au pied de la lettre morte, les sublimes enseignements des mystères…
Là, on peut voir et on peut saisir que cette allusion à la femme, à cet aspect féminin diabolisé, qu'il s'agit en fait... de l'homme ! Car l'homme tourné vers Dieu est une femme… toujours ! Et lorsque celui-ci détourne son regard du très-haut, il perd son unité et ce même "mâle" devient double, devient dia-ble !
Cet état de fait, est d'ailleurs inscrit dans la morphologie de l'homme et de la femme qui sont polarisé de manière inverse. L'homme est polarisé négatif au niveau de la tête et positif dans son sexe qui apparait à l'extérieur, alors que la femme elle, est polarisé négative dans son sexe qui est tourné vers l'intérieur et positive au niveau de la tête...
C'est ainsi que la femme a cette même action divine et émissive pendant la gestation des neuf mois sur l'enfant, ce monde nouveau à naître… mais… mais revenons à Lancelot le 1er Chevalier, Guenièvre la Reine et le Roi Arthur dans Excalibur.
Pour entrer dans cette vision il s'agit de voir ses 3 caractères comme dans un seul corps.
Lancelot qui est, ce qu'il y a de plus pur et de plus noble dans la chevalerie ( et c'est pas moi qu'il l'dit hein ?! ) Lancelot est symboliquement le coeur, son intention pur, et celui-ci dans la forêt avec la Reine, ce détourne de son devoir de garant, de gardien de la pur et noble intention, ce lien essentiel qui protège le couple royal (le roi tête-ciel et le corps sexe-terre-reine)
Lancelot/ le coeur, cède aux impulsions sentimentals pour un instant de plaisir avec la reine/corps-terre-sexe qui le désire ardemment, lui le coeur. En cédant à leurs impulsions commune, la reine et le 1er des chevaliers, font chuter tout le royaume…
Ainsi pour un instant de plaisir non-ordonné par le plus haut, à savoir, la tête couronné au service d'une lumière fécondante et supérieur, la vie du Royaume entière se retrouve dans la chute, privé de la vie lumineuse et du savoir vivant et fertile, engendré par l'ordonnance des mondes et l'harmonie de la plus haute et pur lumière. Et ainsi la tête/roi qui gouverne, étant absente de l'acte engendré par les sentiments et les désirs particuliers et isolés du corps, c'est le corps entier en tant qu'âme unifié au service du très-haut qui perd son pouvoir, la force magique de son verbe-épée. La magie rompu, sans plus de Roi pour la manier, l'épée est de nouveau perdu. Lancelot se réveillant le réalise et s'écrie:
le Roi sans épée ! La terre sans Roi !
Car effectivement il faut un Roi/tête qui perçoive l'esprit divin au-dessus de lui et qui soit lié en même temps dans un sens comme dans l'autre, aux impulsions du coeur, de l'intention pur-Lancelot, pour que la terre "souve-raine" la reine, soit vivante et fertile de la plus pur lumière d'en haut !
En grec le mot Homme/être-humain se dit Anthrôpos et anthrôpos se traduit précisément par "celui qui regarde au-delà, au dessus de la tête !"
C'est pourquoi au tout début de l'histoire, dans le film de Boorman, Merlin demande au père biologique d'Arthur, le Roi Uther, de brandir l'épée du pouvoir face à son adversaire et de prononcer les mots magiques qui doivent confirmer son élection:
Une terre un Roi tel est ma paix !
Mais l'âme du roi Uther fait défaut, il n'a pas l'intention d'un coeur pur à la Lancelot et la paix du royaume, c'est à dire l'âme, lui échappe et d'ailleurs, Merlin, un peu amer lui confirmera qu'il n'est pas l'élu, et en pleine débâcle Uther se retrouve contraint de fuir devant l'ennemi, et juste avant de périr, afin qu'Excalibur n'échoie pas dans les mains d'un autre, Uther encore roi, prononce une parole en accord avec le pouvoir magique d'Excalibur, qui voie sa lame s'enfoncer et disparaitre pour moitié, bloqué, coincé dans un roché ; c'est à dire que l'âme agissante du verbe, la magie du verbe disparaît, coincé, immobilisé dans l'inconscience du règne minéral. Enfer-mement d'une volonté ensommeillé pour un temps...
Et c'est là, que plus tard va commencer l'histoire du jeune Arthur, qui formé par le mage Merlin, et ses chevaliers de la table ronde, deviendra Roi.
"Un âge des ténèbres où la terre fut divisée et sans Roi. Au sortir de ses siècles perdus s'élève la légende d'un magicien, Merlin, de la venue d'un Roi et de l'épée de pouvoir... Excalibur !"
De sa bouche sortait une épée aiguë, à deux tranchants !
1.16 Apocalypse de St Jean