Avec Exilé, Johnnie To installe son quatuor d'hommes de principes dans l'ancienne colonie portugaise de Macao. Ses mousquetaires du flingue doivent y exécuter un contrat qui leur pose un problème de conscience, puisqu'il s'agit de dessouder un ami de jeunesse. Alors le fameux esprit de chevalerie pré-domine sur les avantages financiers et ils se retournent contre le commanditaire du contrat en question, un chef de triades sans état d'âme interprété par Simon Yam.
Encore une fois, Johnnie To réussit là où d'autres se seraient pris le pied dans le tapis, car son cinéma est avant tout une question d'équilibre. Souvent imparfait, voir franchement perfectible quand il s'agit d'aborder certaines thématiques, comme la romance ou la comédie, il trouve l'accomplissement de son savoir faire dans ce genre qu'il aura tenter de refaçonner et mine de rien réussit à s'approprier depuis une une bonne décennie, le polar hongkongais.
L'équilibre dans le cinéma de l'homme de la Milkyway, est avant tout dans le contrebalancement des légèretés découlant d'un script souvent minimaliste, qui ne requiert pas outre-mesure de grande élévation autre qu'esthétique, dans des trouvailles visuelles et une science du découpage hors pair.
En héritier de John Woo, il transforme le moindre gunfight en un ballet chorégraphique donnant à l'action une lisibilité brillante. Il y a du Sergio Leone aussi dans sa manière de faire évoluer ses personnages, sorte de chevalier peu expressifs et minimalistes qui prennent toute leur splendeur quand il s'agit de faire chanter les flingues.
Niveau casting, on a droit à ce qui se fait de mieux à Hong Kong, Anthony Wong et Francis Ng, forcément , l'incontournable Lam Suet, le mono-expressif Roy Cheung et la présence intéressante d'un Nick Cheung qui n'en fait pas trop pour une fois, et bien sûr le bad-guy labellisé ciné HK à qui Simon Yam prête ses traits.
Étant l'un des derniers cinéastes à avoir tenté de revitaliser le cinéma de l'ex-colonie, Johnnie To, même s'il ne possède pas la maestria d'un Tsui Hark ou d'un John Woo, aura au moins entretenu l'espoir d'un retour à ce cinéma libre et enthousiaste. Il aura même réussi à labelliser son style, un film de Johnnie To se reconnaît.