David Cronenberg clôt son XXème siècle avec eXistenZ, où il nous immerge dans un futur proche où les jeux vidéo sont directement reliés au système nerveux du joueur. Pourtant, la démonstration du jeu en question va tourner au cauchemar, où un fanatique va tenter de tuer la conceptrice...
Comme il le dira lui-même, David Cronenberg s'inspire ici des bases de Philip K. Dick pour nous faire entrer dans un monde de plus en plus flou, où la frontière entre réalité et monde virtuel sera de plus en plus mince, jusqu'à devenir totalement invisible. L'oeuvre est tout le long surprenante, le cinéaste canadien nous emmène dans son trip sans nous y perdre, il nous immerge au cœur de l'action et aux côtés des protagonistes, nous mettant dans une situation similaire à eux, c'est-à-dire sans réelle connaissance de ce qu'il se passe et avançant sans grande certitude.
Le metteur en scène de Dead Zone retrouve ici plusieurs thèmes qui lui sont chers à l'image des déformations physiques, de nouvelles capacités pour les humains ou encore l'équilibre hésitant de ces derniers, plus forcément capable de reconnaître la réalité. La force du cinéma de Cronenberg, et eXistenZ ne déroge pas à la règle, c'est de toujours trouver le bon équilibre entre la pertinence des thèmes, l'ambiance et les personnages, où il décrit ici une galerie souvent haute en couleur et intéressante dès les premières secondes, participant pleinement à l'ambiance de plus en plus troublante et prenante avec quelques doses tour à tour malsaines, hallucinantes, sensuelles ou repoussantes.
Si Cronenberg ne se fixe pas vraiment de limite, il ne tombe jamais dans la lourdeur excessive, trouvant toujours le ton juste pour mieux nous faire rentrer dans son univers, multipliant les fausses pistes et divers éléments organiques. Intelligemment écrit, eXistenZ bénéficie du sens du rythme de son cinéaste, sachant prendre son temps lorsqu'il le faut ou au contraire, tout accélérer avec la tension qui va avec et qui se fait de plus en plus forte. Howard Shore à la musique, ainsi que la belle Jennifer Jason Leigh et Jude Law devant la caméra, participent aussi à la réussite de l'oeuvre de Cronenberg.
Avec eXistenZ, le cinéaste canadien se montre inspiré et nous fait pleinement rentrer dans son univers où, dans une ambiance de plus en plus troublante, il mêlera l'imaginaire et le réal sans jamais nous perdre.