Explode. Destroy. Repeat (again & again).
Des muscles, des rides, des souvenirs.
La formule est la même pour ce troisième volet. Pourtant, quelques avancées sont palpables. Des avancées simples et légères mais qui changent considérablement le tour de la saga.
Il y a deux ans, Sylvester Stallone enfonçait le clou avec un "The Expendables 2" tonitruant, au casting cinq étoiles : un méchant dantesque en la présence de Monsieur Jean-Claude Van Damme (le "monsieur" est obligatoire quand on parle du belge), une apparition courte mais remarquable de Chuck Norris, de l'action over-bodybuildée, des répliques rappelant le bon vieux temps... Bref, le summum semblait atteint.
Mais Stallone souhaite plus, veut plus.
Ce fut une véritable tornade à l'annonce du casting de ce troisième épisode, imaginez donc : Mel Gibson, Harrison Ford, Wesley Snipes, Antonio Banderas entre autres. Des anciennes gloires du cinéma plus ou moins actives, chacun ayant vécue quelques difficultés au long de leur carrière (et oui, la carrière de Ford est loin d'être parfaite !).
Moi-même, j'étais à deux doigts de pleurer en voyant Mel en méchant. Mel, c'était mon acteur favori il y a quelques années. Je lui vouais un culte sans nom, m'attardant de longueurs heures sur ses films, ses photographies, sa vie. Une groupie, peut-on dire. Mais j'avais quelques doutes quant à sa participation dans "The Expendables 3". N'entrons pas dans le sujet, mais force est de reconnaître que depuis son retour sur le grand écran, Gibson reste assez décevant, alternant thriller politique laborieux ("Hors de Contrôle"), drame peu convaincant malgré une bonne volonté évidente ("Le Complexe Du Castor") ou film de seconde zone plus au moins agréable et sympathique ("Kill The Gringo", le moins & "Machete Kills", le plus). Alors le voir dans une telle production, ça reste assez équivoque de sa future position dans le cinéma dans les prochaines années. Le mieux à faire, pour lui, serait de retourner derrière la caméra. C'est certainement ce qu'il a fait de meilleur ces dernières années.
Donc, mon avis premier se porte sur lui. Le constat est simple et triste pour un amateur es Mel comme moi : le bonhomme n'est ni bon, ni mauvais. C'est frustrant car le personnage qu'il incarne aurait pu être bien cinglé, très extraverti. On sent que ça devrait être le cas, on voit qu'il y a quelques efforts effectués dans ce sens (le dialogue avec Sly dans le camion) mais jamais rien n'arrive dans ce sens. Mel Gibson peut pourtant s'avérer être un acteur très à l'aise dans ces rôles de "dingue dans la tête", il suffit de visionner "L'Arme Fatale" pour s'en convaincre. Alors pourquoi, ici, il n'arrive à rien ? Peu de liberté à vrai dire, et peu d'apparitions. Mel Gibson, tout comme Ford et Snipes ne semble n'être qu'une publicité pour vendre le film, une illusion trop parfaite pour être vraie.
Car oui, Ford et Snipes font peine à voir. Surtout le premier en fait. Pourquoi s'est-il impliqué dans cette aventure ? Son rôle est peu, voir pas intéressant. Il fait plutôt office de mannequin. C'est assez amusant de le voir dans son complet d'aviateur, ça sonne tellement... faux, tellement forcé. Snipes, quant à lui, est sous-employé. Certes, sa première apparition laisse rêveur mais le reste laisse songeur. Une chose similaire avec Statham (que je ne porte pas dans mon cœur mais qui était bon dans le deuxième volet), Lundgren, Schwarzy (grosse déception) et j'en passe. Quasiment tous en fait, sauf bien sûr le commandant en chef, le seul maître à bord : Sylvester Stallone. Toujours sûr de lui en vieux routard classieux, il mène d'une main de fer le film, insufflant une énergie communicative. C'est dommage, il n'est suivi par personne.
Abordons aussi le cas Antonio Banderas. Car c'est un cas, un véritable. Pour faire court : le bougre est tout simplement ridicule, carrément pathétique. C'est un massacre sans nom. Voulant flirter avec la veine comique puis dramatique, il n'arrive qu'à faire tirer du spectateur des larmes de colère, et de pitié. Lui avoir donné le rôle d'un personnage assez enjoué, très "espagnol" (dans les clichés) est une mauvaise idée. On tombe vite dans le lourdingue.
Mais le plus lourdingue reste quand même les "petits nouveaux". Des acteurs qui me sont inconnus, et que je regrette d'avoir connu, même si ce n'est que pendant un court moment. Sans saveur, sans punch, sans réelle personnalité, sans talent, ils n'amènent qu'une dose nouvelle de lassitude. La scène dans le musée est incroyablement plate, ne dégageant absolument rien. Et c'est le cas de la plupart des scènes d'action de "The Expendables 3".
Malgré une introduction fracassante, le long-métrage s'embourbe dans de l'action bas-de-gamme à gros coups de flingues, de mitraillettes, de coups de poings et j'en passe des plus belles. Ha si, il y a des missiles. Pourquoi pas, ça colle bien au "scénario". La dernière partie est d'un ennui abominable, rien ne se passe. C'est follement mou. Un peu comme le premier volume, mais en pire. C'est bigrement triste car putain, c'est Sly et compagnie quoi ! Mince alors.
Mais la plus grosse arnaque provient de l'habituel combat final. Là, c'est Gibson contre Stallone. Et... et... Non. C'est une mauvaise blague. Rarement un combat fut aussi mou et peu crédible. Court, peu inspiré, jamais violent. On est très loin de celui contre le Jean-Claude. Les grimaces de Mel n'aident absolument pas.
Pour continuer dans cette veine, critiquons aussi la musique. Linkin Park, était-ce bien obligé ? J'apprécie le groupe mais le foutre dans ce film, ça ne passe pas même si ce n'est qu'un court moment. Il faut du Rock N' Roll, putain. La mise en scène ? Classique, peu efficace car rien ne se passe devant. Mais ça se laisse regarder si on n'en demande pas trop.
Et il y a ce côté dramatique ajouté, pour rendre les expendables plus "humains". Cela se matérialise par une visite à l'hôpital à mourir de rire (les larmes, non) et quelques passages censés être nostalgiques mais qui n'arrivent qu'à nous rendre nostalgique des films précédents.
Bref, "The Expendables 3" est une grosse déception. Mauvais dans son ensemble, quasiment rien n'est à sauver.
C'est triste, très triste.
(et pitié, dites à Schwarzy de ne plus mettre de chemise)