‘Eyes Wide Shut’ aurait pu être un chef d’œuvre immanquable, mais Stanley Kubrick a peut-être été trop ambitieux et il se perd un peu sur la fin du récit.
C’est bien simple, la première partie du récit est simplement magistral. Le réalisateur aborde frontalement la thématique du couple en dressant un portrait passionnel de la relation entre Mr. Et Mrs. Harford. De la tension sexuelle urgente, mise en scène grâce à une photographie écarlate et une bande-originale langoureuse, à la crise de jalousie violente et implacable, le spectateur est happé par le torrent émotionnel qui agite William Harford.
Le récit ne faiblit pas tout de suite, et les errances du docteur dans la nuit questionnent le rôle du couple avec brio. Entre la tentation de Marion, la rencontre de la prostituée, et la mention de la soirée masquée mystérieuse, le film est passionnant et suit un véritable raisonnement.
C’est alors que Stanley Kubrick s’emporte. L’expédition au château marque un tournant dans le récit, avec un changement d’ambiance frappant, une mise en scène plus chiadée et une bande-originale sépulcrale. Non pas que le passage ne soit pas réussi, loin de là, mais ses implications sur la suite du récit s’écartent fortement du propos initial. De la réflexion sur le couple, on passe à un thriller sombre sans avertissement, et surtout sans dénouement.
Evidemment, Stanley Kubrick nous apprend à la fin du récit que l’essentiel des aventures de William Harford n’ont été que des songes, mais était-il alors vraiment nécessaire de s’attarder à ce point sur l’intrigue autour de la secte du château ? Peut-être y avait-il une intention, une métaphore derrière cette enquête qui ne mène à rien, mais elle est particulièrement obscure.
On retiendra encore la prestation de Nicole Kidman, véritablement surprenante sans son rôle tour à tour sensuel et sévère. Quant à Tom Cruise, il est très correct, mais sans vraiment faire d’étincelles.
Un œuvre forte sur le couple, un peu gâché par une seconde partie opaque.