Ringardisant Voltaire et Zola, Michael Moore est un pamphlétaire de génie. Nul mieux que lui sait associer réflexions sensées et formules chocs, passionnants interviews et extraordinaires montages, aux provocations et amalgames outranciers.
Non, Trump n’est pas l’incarnation du Mal. Non, l’armée américaine ne répète pas un coup d’État. Non, le sinistre et richissime gouverneur républicain Snyder n’a pas sciemment empoisonné 9000 afro-américains : l’esprit du lucre suffit à expliquer, pas à justifier, ses malversations. Snyder a cédé sa place à un démocrate en 2018.
Que Moore nous dit-il ?
Qu’il existe aux États-Unis une majorité sociale et progressiste. Hélas, elle ne vote pas, ou plus, à supposer qu’elle n’ait jamais voté. Quand elle s’unit, elle parvient à vaincre les potentats locaux et libéraux.
Que les États-Unis sont gouvernés par une ploutocratie, une coterie de millionnaires cooptés et financés par des milliardaires. Une fois élus, qu’ils soient démocrates ou républicains, ils gèrent le pays en ultra (à nos yeux) libéraux. Or, ils s’avèrent incapables à répondre au défi chinois. Pour la première fois, les deux extrêmes, Bernie Sanders et Donald Trump, par leur capacité à mobiliser un électorat déprimé, marginalisé, ringardisé, colérique ou aboulique, ont tenu une chance de briser le système. À sa propre surprise, l’irrationnel (disons que sa raison ne nous est pas accessible) et imprévisible milliardaire Trump a remporté la mise et pris goût au pouvoir.
Je vous laisse sur la fascinante et terrifiante réponse de Trump à la question d’un journaliste.
- M. Trump, comment résistez-vous à la tempête ?
- Je suis la tempête.
Joyeux Noël.
PS. La France est gérée depuis la guerre par des professionnels de la politique, parfaitement interchangeables, cooptés à l’entrée de Sciences-Po et qui choisissent, en fonction de leur rang de sortie de l’ENA, une écurie politique. S‘ils sont su gérer les années de croissance, ils sont incapables de répondre aux défis technologiques, écologiques et démographiques de la mondialisation.