How the fuck did this happen?
C'est à cette question que Michael Moore, avec toute la subtilité qu'on lui connaît, a tenté de répondre dans ce film. Comment un type profondément instable et narcissique, venant du show-business, sans la plus petite expérience politique, est parvenu à accéder au Bureau ovale ? Comment a-t-il pu déjouer pratiquement tous les sondages, tous les médias, toute la classe politique, toute la bien-pensance, toute la pensée unique qui lui prédisaient une défaite écrasante ?
Le parti démocrate en prend sérieusement pour son grade (y compris la sacro-sainte figure de Barack Obama !) en ayant une très grosse part de responsabilité dans le fait que l'impossible ait eu lieu. Au moins, Moore a eu l'honnêteté de ne pas occulter cela.
Reste qu'il s'écarte un peu trop de son sujet en dissertant sur des thèmes qui n'ont rien à voir. Si dans le scandale de l'eau de Flint est certainement une des raisons qui a permis à Trump de remporter le Michigan, qui paraissait pourtant un bastion solide pour l'adversaire, je n'ai pas réussi à voir le rapport entre notre monsieur orangé et les Américains adorant se massacrer joyeusement à coups d'armes à feu (cela aurait pu être l'occasion de parler des liens étroits qu'il entretient avec la NRA, mais non !) ou encore la longue des grèves des professeurs révoltés à juste titre de leur situation. Ces événements révoltants, gerbants (qui pourraient faire chacun d'eux une bonne base pour un documentaire d'ailleurs !) ne sont jamais liés au protagoniste. On a l'impression que Michael Moore parle totalement d'autre chose. Sans parler du hors-sujet, l'évocation de tout cela prend en plus une grande place dans l'ensemble niveau durée. Je pense qu'il y avait suffisamment de matière avec le Trump à lui tout seul pour tenir les plus de deux heures du film.
Quand celui-ci est directement évoqué, on ne croule pas sous le souci de vérité et d'objectivité. Si l'anecdote sur Gwen Stefani (qui serait la responsable bien involontaire de ce qui a poussé le futur 45ᵉ Président des États-Unis à se lancer dans un truc énorme dont même lui n'avait pas prévu l'issue !) est tellement insensée qu'elle ne peut qu'être vraie, par contre, on ne peut que grimacer quand le cinéaste essaye de faire croire à une liaison incestueuse entre le père et sa fifille ou quand on voit des images d'Hitler faisant un discours avec par-dessus la voix de Donald Trump.
Bref, s'il marque quelques points, on ne peut que le reconnaître, les digressions injustifiées et trop longues sur d'autres thèmes et un manque absolu d'impartialité qui peut aller jusqu'au ridicule (comme s'il y avait besoin d’affabuler, la réalité est déjà tellement plus qu'énorme par elle-même !) font que Michael Moore passe à côté d'une grosse partie d'un potentiel incroyable.