Le film de Karim Dridi est âpre. Je ne m'en étonne pas de la part d'un cinéaste qui montre souvent des personnages ou des milieux "borderline".
Deux routardes, à bord de leur camion pourri, incarnent la marginalité (pas l'exclusion, qui ne relève pas d'une volonté ou d'un choix) et peut-être la dernière étape avant la clochardisation. Qu'il les présente ensemble, ou séparément après une "prise de tête", Dridi reste vague sur la personnalité et le parcours de chacune d'elles. Il propose une réalité et un quotidien bruts, à prendre ou à laisser...
Si tant est que ce soit son intention, le réalisateur ne parvient pas à rendre ses deux "héroïnes" séduisantes ou sympathiques mais, tout en donnant corps à la marginalité, il nous invite à considérer le mode de vie alternatif de Nina et Djoul comme n'étant pas de la "fénéantise". C'est comme cela en tout cas que j'interprète le titre du film.
La faiblesse du sujet ou l'échec du cinéaste est de ne pas attacher le spectateur commun à ses personnages, premiers comme seconds rôles, dont j'imagine plus ou moins les chemins accidentés tout en peinant à concevoir les principes de vie. J'ai eu l'impression, tout au long du film, d'être un spectateur-voyeur réduit à l'impuissance (celle de comprendre des existences à ce point inadaptées à la norme ou au confort), d'être un témoin aussi d'une certaine complaisance dramatique.
Quoiqu'il en soit, l'interprétation est forte et les dialogues justes.