Fantasmes (1999) - 거짓말 / 109 min.
Réalisateur : Jang Sun-Woo - 장선우
Acteurs principaux : Lee Sang-hyun -이상현 ; Kim Tae-yeon -김태연
Mots-clefs : Corée ; fantasme ; SM ; Amour.
Le pitch :
Y est une lycéenne de 18 ans qui s'est promis de perdre sa virginité avant la fin du lycée et rencontre J, un respectueux sculpteur de 38 ans. Dès leur première rencontre, une forte attirance sexuelle naît entre Y et J. Prête à toutes les audaces, Y se donne sans réserve, jusqu'aux limites du plaisir et de la douleur.
Premières impressions :
Après avoir été subjugué par "The road to the racetrack", j'ai voulu revoir une seconde fois "Fantasmes", film très controversé du même réalisateur. Dire que je n'avais pas aimé le film la première fois serait un euphémisme tant je l'avais trouvé dérangeant par ses images et son propos. Et pourtant, ce film a quelque chose de fascinant par le dégoût qu'il me provoque.
Lorsque j'ai acheté ce film (en compétition à la mostra en 1999), j'espérais en apprendre plus de la société coréenne au travers de ses fantasmes. Or, le film ne montre rien de plus qu'un homme d'âge mûr qui entraine une très jeune fille dans une relation sadomasochiste, dans la réalisation de son fantasme de frapper et se faire frapper à en avoir mal, très mal. Vu ainsi, le film n'a clairement aucun intérêt, du moins pas plus que LOVE, mais en plus trash.
Hélas, encore une fois le titre français semble avoir été choisi en dehors de toute traduction logique, car le titre coréen ne signifie pas "fantasme" mais "mensonge", ce qui donne alors un tout autre sens. On pourrait alors voir ces séances extrêmes comme une façon de ne pas vivre dans le mensonge, dans l'acceptation unique et entière de l'autre, de jouir de ses défauts comme de ses qualités, les séances de SM étant mélangées à des séances de sexe plus classiques. Par ailleurs, l'amie coréenne avec qui j'ai vu le film m'a expliqué qu'il n'y a pas si longtemps, les professeurs pratiquaient la fessée à l'encontre des élèves en retard ou ayant bravés quelques interdits. Or Y étant lycéenne et J ayant l'âge d'un professeur, je comprend mieux la mécanique freudienne derrière ce fantasme étrange.
Cela étant dit, ces explications ne rendent pas le film moins violent. J'ai déjà du mal dans le fait qu'une toute jeune fille se donne à un vieux pervers, mais si en plus il se met à la cogner dans un jeu sexuel, j'ai envie de m'enfuir en courant. Cet aspect est d'autant plus renforcé que Jang Sun-Woo intègre à deux reprises des scènes hors-film. Une très courte interview de l'actrice qui n'est plus si sûre de vouloir se déshabiller à l'écran (et qui pourtant fera bien plus) et un autre moment où l'on voit l'actrice continuer de pleurer malgré le "Cut !" du réalisateur.
Il entretient la confusion et on ne sait jamais vraiment si les marques sur les corps sont réelles ou du maquillage... Enfin, des musiques hors propos (pop des années 90) viennent parfois soutenir les images, comme pour s'éloigner de la scène, de ce qui s'y passe, et pour le coup, ça renforce encore plus le côté malsain.
Au final, je ne retire pas grand chose de plus de ce second visionnage, si ce n'est que Paris et la France reviennent encore une fois comme un modèle au travers de la femme de J. qui y vit et a refusé depuis son chantage masochiste. Pour info, le film, comme la nouvelle dont il est inspiré a été interdit et censuré en Corée. L'auteur de la nouvelle Jang Jeong-il a même été incarcéré quelques mois.
Bref, à moins de vouloir regarder un film très dérangeant ou de vouloir embrasser l'œuvre entière de Jang Sun-Woo, je vous déconseille vraiment ce film.