Clé de voute de l'œuvre du maestro italien Fellini, Roma est aussi, peut être, son film le moins accessible. Parce qu'il se compose de fragments d'histoires, sans liens apparents, de petits "sketchs" (à défaut d'autres mots) que l'on peut même prendre indépendamment sans perdre le fil, le film en rebutera sans doute plus d'un.

Pourtant, quelle puissance émane de ces petits extraits mis bout à bout. Fellini prend son temps, le tempo est très lent, mais chaque séquence est travaillée, magnifiée, filmée avec une poésie, parfois, que l'on se croirait plongé dans un rêve. La scène de l'entrée dans la ville sur un périphérique bouché, sous un déluge diluvien, est sans doute le meilleur exemple de la puissance hypnotique du film. Il ne se passe rien. C'est beau. Tout simplement. Il faut juste prendre le temps de se faire surprendre, au détour de la pellicule, par un détail anodin qui va changer à tout jamais notre perception du film.

Fellini enfile ses perles les unes après les autres, sans sens apparent, laissant parler ses souvenirs ou ses fantasmes, peignant un entrelacs de scènes dans lesquelles le spectateur s'égarera avec volupté. Pourtant, on ne peut pas dire qu'il cherche à magnifier ces images à travers le prisme du souvenir. C'est une ville sale, suintante parfois, qui s'expose sous nos yeux, cet amour si fellinien pour la chair qui déborde s'exposant à nu lors d'une séquence aux accents trop authentiques pour être imaginaire, et pourtant il émane de ce tout un tel amour, une telle passion, que l'on ne peut s'empêcher de se retrouver captivé.

C'est une expérience sensorielle à laquelle nous invite l'italien, une rencontre avec sa Rome, vue à travers ses yeux. C'est parfois un peu difficile d'accès, bien sûr. Mais, comme dans toute les grandes villes du monde, on y trouve toujours, pour peu que l'on soit attentif et un tant soit peu ouvert d'esprit, un petit quelque chose, un rien, qui va nous faire tomber amoureux. Et là, c'est toute la splendeur de l'œuvre qui se dévoile sous nos yeux ébahis, et une seule pensée nous obsède désormais : y replonger.
Hyunkel
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le 8 déc. 2011

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