Clé de voute de l'œuvre du maestro italien Fellini, Roma est aussi, peut être, son film le moins accessible. Parce qu'il se compose de fragments d'histoires, sans liens apparents, de petits "sketchs" (à défaut d'autres mots) que l'on peut même prendre indépendamment sans perdre le fil, le film en rebutera sans doute plus d'un.

Pourtant, quelle puissance émane de ces petits extraits mis bout à bout. Fellini prend son temps, le tempo est très lent, mais chaque séquence est travaillée, magnifiée, filmée avec une poésie, parfois, que l'on se croirait plongé dans un rêve. La scène de l'entrée dans la ville sur un périphérique bouché, sous un déluge diluvien, est sans doute le meilleur exemple de la puissance hypnotique du film. Il ne se passe rien. C'est beau. Tout simplement. Il faut juste prendre le temps de se faire surprendre, au détour de la pellicule, par un détail anodin qui va changer à tout jamais notre perception du film.

Fellini enfile ses perles les unes après les autres, sans sens apparent, laissant parler ses souvenirs ou ses fantasmes, peignant un entrelacs de scènes dans lesquelles le spectateur s'égarera avec volupté. Pourtant, on ne peut pas dire qu'il cherche à magnifier ces images à travers le prisme du souvenir. C'est une ville sale, suintante parfois, qui s'expose sous nos yeux, cet amour si fellinien pour la chair qui déborde s'exposant à nu lors d'une séquence aux accents trop authentiques pour être imaginaire, et pourtant il émane de ce tout un tel amour, une telle passion, que l'on ne peut s'empêcher de se retrouver captivé.

C'est une expérience sensorielle à laquelle nous invite l'italien, une rencontre avec sa Rome, vue à travers ses yeux. C'est parfois un peu difficile d'accès, bien sûr. Mais, comme dans toute les grandes villes du monde, on y trouve toujours, pour peu que l'on soit attentif et un tant soit peu ouvert d'esprit, un petit quelque chose, un rien, qui va nous faire tomber amoureux. Et là, c'est toute la splendeur de l'œuvre qui se dévoile sous nos yeux ébahis, et une seule pensée nous obsède désormais : y replonger.
Hyunkel
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste

Créée

le 8 déc. 2011

Critique lue 683 fois

8 j'aime

1 commentaire

Hyunkel

Écrit par

Critique lue 683 fois

8
1

D'autres avis sur Fellini Roma

Fellini Roma
Sergent_Pepper
8

Capitale de la couleur

Rome a été omniprésente dans l’œuvre de Fellini, et l’influence de la ville sur ses protagonistes toujours plus prégnante au fil de ses films. Il est donc logique de le voir aborder cette instance...

le 17 sept. 2017

27 j'aime

2

Fellini Roma
Docteur_Jivago
8

Rome : Cité intemporelle

Treize années après La Dolce Vita, Federico Fellini capte à nouveau Rome, que ce soit, pour lui, celui d'hier ou d'aujourd'hui et met en scène une fresque où il filmera la capitale italienne sous...

le 11 juil. 2017

26 j'aime

7

Fellini Roma
AlekSan
8

Critique de Fellini Roma par AlekSan

J'ai découvert ce film via le cours de peinture et cinéma Italien, un prof nous à parlé de Fellini, et après avoir longuement fait le rapprochement entre le baroque dans le cinéma et ce film, voila...

le 20 mars 2013

16 j'aime

3

Du même critique

Ma première fois
Hyunkel
3

L'amour au temps du Biactol

Bon en même temps, c'est vrai qu'avec un titre pareil, il ne fallait pas s'attendre à un film contemplatif sur la méditation transcendantale. Et que le résumé laissait augurer du pire. Mais bon, de...

le 18 janv. 2012

57 j'aime

6

Il était temps
Hyunkel
4

Back to the boring

Empereur de la comédie romantique à l'anglaise, Richard Curtis fait prospérer les vendeurs de mouchoirs depuis déjà vingt ans. Qu'il soit derrière la plume, comme pour 4 mariages et un enterrement et...

le 27 nov. 2013

29 j'aime

17

The Dark Knight Rises
Hyunkel
5

Gotham champ de bataille

Il y a sept ans, avant la sortie de Begins, Nolan partait avec le confort offert par un anonymat relatif, et surtout le désastre innommable, ineffable et total qu'était Batman et Robin. Aujourd'hui,...

le 27 juil. 2012

28 j'aime

7