Au Danemark, le père d'une grande famille bourgeoise réunit toute sa famille pour son anniversaire. Au cours du dîner, Christian, le fils ainé, se lève pour faire un discours et révéler au grand jour un lourd secret familial.
Pourquoi c'est monstrueux ?
Si vous n'avez jamais vu Festen, il y a de fortes chances pour que votre première vision ait les mêmes effets qu'un gros coup de poing dans l'estomac. Pourtant, si je pouvais revivre cet instant, je le ferais sans hésiter. C'est dire à quel point Festen marque durablement le coeur, le bide et les esprits et s'impose non seulement comme un film choc mais surtout comme une oeuvre définitive et unique.
Premier film de Thomas Vinterberg, Festen inaugura le dogme 1995. Ce mouvement cinématographique, à l'initiative de Lars Von Trier et de Vinterberg, définissait un ensemble de règles visant à revenir à une pureté cinématographique. Lassés du formatage et des effets, le dogme 1995 revendiquait en réponse la sobriété formelle, le son direct, la caméra à l'épaule, le 35 mm et aucun artifice d'écriture ou de réalisation. 20 ans après, malgré une cinquantaine de films appartenant à ce dogme, seul Festen reste dans les mémoires.
Bien entendu pour son caractère précurseur et pour sa révélation qui forme l'enjeu du récit mais surtout pour cette implacable transposition du lourd passé caché du Danemark et de ses conséquences sur la société contemporaine (l'hypocrisie, le déni, le mensonge, le racisme,...). Ce au sein d'un drame et d'enjeux purement fictionnels. Décidé à sortir les cadavres du placard, Vinterberg fait imploser en temps réel la bourgeoisie danoise au travers de séquences incroyables et de personnages tour à tour sublimes, excessifs et monstrueux. Capté sur le vif, cru dans sa forme comme dans ses propos et profondément malaisant, Festen, au fil d'une interprétation éclatante et et de passionnantes scènes de confrontations, va vous prendre à la gorge pendant 1h45 et ne plus jamais vous lâcher.
Un diamant brut, prix du jury à Cannes et réadapté au théâtre par Vinterberg lui-même qui en écrivit également la suite (uniquement théâtrale) en 2012. Pour les sérievores et les curieux, l'épisode 1 (Sardines) de la série anthologique Inside No 9 rejoue Festen en 30 mn dans un placard avec beaucoup d'humour noir mais ce même goût acre en bouche.
Vous êtes prévenus, c'est du grand cinéma et forcément, on en ressort jamais indemnes.