Et si les riches étaient des êtres humains comme les autres ?
Festen n'a pas été tourné pour rire et encore moins pleurer. Le résumé est simple : une famille riche fête les 60 ans du paternel. Toute la famille est réunie ainsi que les amis dans l'hôtel de la famille, sauf une des deux filles qui s'est suicidé précédemment. Sous les auspices qui semblent bons, se trame une histoire dure et rude. Elle est également difficile et totalement possible (à notre malheur à tous).
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* Spoil *
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Quoi qu'il en soit, Festen accueille Ulrich Thomsen dans le rôle du fils ainé, celui par qui tout arrive et tout commence. Ce rôle lui va bien et le sent. On le retrouve dans une multitude d'autres films que ce soit en premier ou au second plan. On notera qu'il prendra le premier rôle dans Inheritance de Per Fly (http://www.senscritique.com/film/inheritance/5171229812017262) dans la même lignée sociale que Festen avec une autre thème. Le rôle qu'il a dans Inheritance semble avoir été fait pour lui après avoir vu l'oeuvre de Thomas Vinterberg.
Festen, c'est aussi pouvoir aborder les riches. On ne parle pas des caricatures grotesques du cinéma français comme dans Moi, Michel G, Milliardaire, Maître du monde de Kazandjian.(http://www.senscritique.com/film/moi-michel-g-milliardaire-maitre-du-monde/3761298926072511), mais de ceux qui vivent dans notre monde, ceux qui sont humains, qui ont des travers, une famille, des états d'âmes, ... On pourrait placer ce film dans la catégorie "social" comme un film des Frères Dardenne, même si ceux s'intéressent au bas de la classe social (Rosetta, Le Fils, La Promesse).
Les riches sont des personnes qui ont aussi leurs problèmes, leurs maux, leurs défauts ainsi que leurs qualités et leurs volontés. Festen ne les présente pas sous le plus bel angle étant donné les thèmes qui vont être abordés : inceste, violence morale et physique, relations entre père/mère, père/enfants et frères/soeur, racisme, gens de maison, ...
Les thèmes sont nombreux. Ils s'entremêlent et se chevauchent. C'est tout aussi compliquée que la vie. Mais ... n'est-ce pas une vision de la vraie vie que les vrais gens vivent vraiment ? Il s'agit bien d'une vision et non pas de la réalité de la vraie vie que [...].
Certains n'aimeront pas la musique ou la caméra au poing. C'est un style. Effectivement. En même temps, n'est-on pas plus proche de la famille ? dans cet endroit où toute une journée va se dérouler avec ses interventions ? Pour moi, la réponse est oui. On est à côté de Christian, Michaël ou l'un des autres protagonistes.
Malgré toute la peine qui a pu être engendré par les actes passés, Festen est aussi un moment de joie : la soeur de Christian présente son nouveau compagnon, Christian finit par vouloir être avec la serveuse, Michaël met un terme à toutes possibilités avec la serveuse et prend ses responsabilités (avec une possible entrée dans la Loge), ...
Bien que tout cela soit présent, le point d'orgue est le moment de la fin. Le patriarche comprend ce qu'il a fait. Il avance et demande pardon. Il n'est pas le seul mais il le fait, le dit et à la limite, le crie. C'est cela qui rend ces gens riches des êtres humaines comme les autres personnes de la société.
Festen sous son regard noir et froid, nous dévoile une image finale positive et intéressante : Peut-on pardonner à quiconque, même si celui-ci l'a commis le mal et nié pendant des années et qu'aujourd'hui, il a entendu la détresse de son entourage ?