Vu il y a une petite vingtaine d'années, « Fight Club » m'avait laissé un assez bon souvenir sans être la claque décrite par beaucoup. Le revoir au cinéma en tant qu'adulte m'a laissé un peu la même impression. Pas évident de faire la critique d'un tel film. Je trouve qu'en définitive, si ce n'est au-delà de certains thèmes et réflexions, il ne ressemble pas beaucoup à David Fincher. Effets, images mentales, caméra baladeuse... Même si cela donne un certain punch à une œuvre assez incisive, ce n'est pas forcément comme ça que je préfère le cinéaste. Après, il est évident qu'on ne peut pas seulement limiter l'œuvre à ça.
C'est manifestement un titre qui ne laisse pas indifférent, avec beaucoup d'idées, d'audace, assez culotté dans sa narration et sa manière d'aller à contre-courant de l'habituel discours conservateur hollywoodien. Le héros est insaisissable, complexe, à l'image de la relation qu'il entretient avec son «vrai-faux » alter ego Tyler Durden, l'occasion de quelques scènes franchement marquantes, d'autant que si Edward Norton est très bon, Brad Pitt l'est tout autant, livrant sans doute l'une des meilleures prestations de sa riche carrière. Quand à ce « trip » anarchiste semblant vouloir s'attaquer à la société de consommation et à l'abrutissement généralisé de cette dernière, j'avoue être dubitatif : il arrive un peu comme ça dans le récit (même si le terrain avait, quand même, été un minimum préparé), a une certaine gueule sans qu'on sache vraiment où Fincher veut en venir.
Enfin, il y a évidemment ce dénouement, sur lequel on ne peut pas vraiment avoir un point de vue objectif lorsqu'on le connaît déjà : disons qu'il est bien foutu et amené assez habilement, même si certains aspects restaient troublants et permettaient de le deviner (du moins c'est ce qu'on se dit après!!). Je n'ai pas lu le roman de Chuck Palahniuk et il est donc difficile pour moi de faire des comparaisons. Disons que c'est un vrai bon film, dont je peux comprendre le statut si particulier aujourd'hui
(franchement, ce plan final sur le splendide « Where is my Mind » des Pixies: difficile de faire plus iconique),
sans y être totalement sensible ou partager l'enthousiasme démesuré de la majorité : voilà qui est écrit.