Le film est parfois drôle, à ce sujet la scène qui décrit la répartition des thérapies de groupes entre les deux imposteurs que sont le narrateur (interprété par Edward Norton) et Maria Singer (Helena Bonham Carter) est jubilatoire. Sur l'aspect schizophrénique (en l'occurrence il s'agit d'un dédoublement de la personnalité mais je range sans vergogne ce film dans ma liste), il y a selon moi quelques incohérences, mais cela peut être dû à mon côté psycho-rigide ou à une mauvaise compréhension du film. Comment peut-on voir le narrateur étendu sur son lit, gêné par les cris de jouissance de Maria, sous l'étreinte de Tyler Durden dans la chambre qui jouxte la sienne ? Par quel miracle le narrateur survit-il, sans grandes séquelles semble-t-il, à la balle qu'il se tire en pleine tête ? Ces quelques réserves émises, le film reste une grande réussite, doté de dialogues qui font mouche entre Tyler Durden et le narrateur.
Pour en finir avec le versant schizophrénie, notons que le narrateur n'a pas de nom ou de prénom bien établi, ce qui corrobore sa propension à s'attribuer d'autres personnalités que la sienne, si tant est qu'il en ait une, aliéné qu'il est par son travail et plus généralement par sa vie, basée jusqu'à la rencontre avec Tyler, sur la thésaurisation de biens matériels.
Le Fight Club et sa violence occulte une grande partie de l'histoire le principal message du film qui est la dénonciation du capitalisme et du matérialisme. Pour autant au second visionnage, l'objectif du film est sans ambiguïté : pour preuve, l'appartement du narrateur, décoré avec les dernières nouveauté, situé dans un quartier aisé et qu'il incendie pour prendre ses quartiers dans une grande maison vétuste, insalubre, localisée au beau milieu d'une zone abandonnée par les pouvoirs publics. La réussite finale du "plan chaos" est un autre élément probant de l'objectif premier du film. Je ne peux qu'y souscrire...