Fleur pâle est un diamant noir. L’histoire d’un homme, Muraki, désabusé quant à l’état du monde, littéralement sidéré par sa rencontre avec Saeko, une jeune femme d’une beauté incroyable. Noir et blanc impeccable, efficacité des scènes toujours filmées à bon escient, le film débute par une courte prise de pouls de Tokyo en 1964 accompagnés de la musique contemporaine de Yūji Takahashi et Tōru Takemitsu qui épouse parfaitement les images. La ville s’est déjà considérablement occidentalisée et le héros pose un regard peu amène sur ses contemporains. Puis s’ensuivent les scènes de jeux. Course de chevaux, bowling et surtout ces cercles de jeux clandestins, où se retrouvent les yakuzas ( Muraki est l’un d’eux). Les scènes de nuit, majoritaires seront jazz. Quant à la scène du meurtre, c’est "Dido’s lament" d’Henry Purcell qui en fera une scène inoubliable. Il faut, à ce stade, souligner l’extraordinaire performance d’acteur de Ryō Ikebe, particulièrement lors de cette scène. Son physique massif et avantageux s’oppose à celui, gracile et félin de Saeko, interprétée avec maestria par Mariko Kaga, qui avait 20 ans au moment du tournage. L’effet que créé sa présence dans ces cercles de jeux exclusivement masculins, peuplés d’hommes vieillissant forme un incroyable contraste. Saeko est happée par la nuit, par le jeu, la vitesse… et garde jusqu'au bout tout son mystère. Cette perle rare ayant fait l’objet d’une restauration 4K, est la reprise de l'été. Des bandes annonces, ainsi que la scène du crime sont disponibles sur Youtube. Pour donner l'envie, puis après, pour disséquer la fameuse scène...se la passer en boucle...