Flic Story est visible sur toutes les plateformes mais inutile de dire que sur grand écran, dans une copie restaurée, lors d'une projection organisée lors du Festival de cinéma de La Rochelle, son ampleur n'est pas la même. Le plaisir est dans les détails, dans la reconstitution impeccable du Paris de l'après-guerre, dans les dialogues ironiques auxquels a collaboré Alphonse Boudard, dans les cascades de Rémy Julienne et la musique de Claude Bolling, dans la minuscule apparition de Christine Boisson, jeunette, et dans la classe discrète de Claudine Auger. Sans parler des gueules des seconds rôles (Pousse, Salvatori, Biraud, Crauchet, Guybet ...). C'est un fait, Jacques Deray n'est pas Jean-Pierre Melville mais son efficacité d'exécution ne souffre d'aucune contestation, notamment dans la construction habile du récit autobiographique de Roger Borniche. Alain Delon fait juste qu'il faut et Jean-Louis Trintignant excelle dans le rôle de Buisson, tueur au sang de reptile. Que le flic soit fasciné par le truand, voire envie le cours de son existence, de laquelle les soucis hiérarchiques et la paperasserie administrative sont exclues, n'est pas l'aspect le moins intéressant d'un film qui allie un passionnant travail documentaire à un sens certain d'un romanesque (romantisme) désuet comme une Traction avant qui file dans la campagne francilienne.